En 1997, j’avais 10 ans. J’étais déjà passionné de cinéma et j’avais déjà vu un nombre incalculable de films. Pourtant, je me souviens être rentré chez moi tout émoustillé à l’idée d’insérer dans le magnétoscope la VHS que ma mère et moi venions d’aller chercher au vidéo-club du coin. Sur la jaquette on pouvait lire : Twister. Helen Hunt et Bill Paxton m’avaient tenu en haleine à travers ce qui s’apparentait pourtant à un simple film catastrophe comme on en voyait souvent à l’époque.
Je dis « à l’époque », car il faut bien avouer que les choses ont beaucoup changé. Dans les années 1990, il était très fréquent de voir débarquer au cinéma des longs métrages tels que Volcano ou encore Le Pic de Dante. Un style de film particulièrement impressionnant qui a bel et bien fini par lasser le public. C’est donc forcément un peu surprenant de voir arriver Black Storm en salles, et ce, 17 ans plus tard. Pour autant, après avoir visionné le trailer (que je vous laisserai le soin d’admirer en fin d’article), je dois avouer que ma curiosité a été piquée au vif. En effet, même si j’ai ressenti instantanément l’effet « nanar » via cette bande-annonce, je dois dire que j’ai malgré tout eu envie d’aller vérifier tout ça par moi-même.
Autant être clair tout de suite, je m’attendais à un film nunuche, surjoué, plein de bons sentiments, mais remplissant à merveille son rôle de « blockbuster de l’été ». Eh bien, mon Toc, tu ne pouvais pas tomber plus près de la vérité ! Car si, fort heureusement, les scènes d’action sont impressionnantes, force est de constater que le reste fait vraiment tâche. Mais revenons un peu sur le synopsis, voulez-vous ? Dans Black Storm, « la petite ville de Silverton est dévastée par une multitude de tornades sans précédent. Les habitants sont désormais à la merci de ces cyclones ravageurs et meurtriers, alors même que les météorologues annoncent que le pire est à venir… Tandis que la plupart des gens cherchent un abri, d’autres se risquent à se rapprocher de l’œil du cyclone pour tenter d’immortaliser en photos cet événement exceptionnel. »
Tout est dit. Sérieusement. Le film se résume à ça, et ce, pendant 1h29. Autant dire que c’est court, mais que ça me convient parfaitement. Car oui, avouons-le, je n’aurais pas pu supporter une minute de plus l’aspect « morale américaine » bien-pensante présent du début à la fin. Prenez un teen-movie dans lequel on ne dit pas de gros mots, dans lequel on brave tous les dangers pour-sauver-les-habitants-alors-qu’on-ne-connaît-rien-aux-tornades-et-qu’on-ne-sait-même-pas-où-chercher, et mélangez-le à un concert de musique épique à la 300, saupoudré de petites incohérences : vous aurez votre film.
En effet, ce qui m’a le plus gêné c’est ce contraste que l’on subit un peu trop entre les scènes dites d’action, et les scènes plus calmes. Dans ces dernières on assiste quasiment systématiquement à une dispute ou à un discours plein de larmes aux yeux, et de « ne fais pas ça, John, je t’en prie ! ». Car si les effets spéciaux font passer les tornades pour les seuls vrais protagonistes du film, ce n’est pas pour rien. Sarah Wayne Callies (Prison Break) tente tant bien que mal de paraître crédible parmi tout ce petit monde, mais c’est clairement peine perdue. On aura rarement vu aussi inexpressif et insupportable que Richard Armitage dans le rôle du père de famille. Mention spéciale également pour le directeur du lycée totalement transparent et joué par le sosie officiel de Barack Obama. Cela dit, et je tiens à insister lourdement sur ce point, l’intérêt de Black Storm est ailleurs.
Pardonnez-moi si je me répète mais que ce soit clair : le film a pour vocation de nous sensibiliser sur le problème des tornades aux États-Unis faire du fric en balançant des effets spéciaux hallucinants. Et une fois ce principe de base bien ancré dans nos cerveaux, les 89 minutes défilent assez rapidement, il faut bien le dire. Car si les tornades aperçues tout au long du film sont assez flippantes, l’avantage est qu’elles s’inscrivent dans un climat cohérent. J’entends par là que Steven Quale (le réalisateur) ne s’est pas contenté de faire défiler des dizaines de tourbillons au point d’en écoeurer le spectateur. Non, au lieu de ça, les différents plans les plus spectaculaires sont disséminés ça et là tout au long du périple. Une certaine discipline dans le montage, en quelque sorte, et cela me plaît beaucoup.
Mais puisqu’on en est à parler d’écoeurement, j’aimerais terminer cet article en évoquant deux points assez troublants. Premièrement, le format vidéo du film. En effet, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant une image « tronquée », flirtant avec le cinéma d’antan dans un vulgaire mix entre du 14:9 et du 4:3. Autant être clair, les énormes bandes noires verticales présentes à gauche et à droite de l’écran m’ont perturbé un chouïa, durant toute la séance les 30 premières minutes tout du moins. Ce qui nous amène tout naturellement au dernier point de détail que j’aimerais analyser avec vous. Car si ce format si spécial a été choisi par l’équipe de tournage, me suis-je dit, c’est certainement pour coller au plus près avec l’aspect found-footage de Black Storm. En effet, tout comme dans Le Projet Blair Witch ou encore Catacombes (en salles dès le 20 août), Tempête Noire (oui, je sais, ça le fait tout de suite moins, en Français) s’essaye à l’effet « caméra à l’épaule », tourné comme avec un caméscope (voire avec un smartphone pour les moins âgés). La référence du genre, selon moi, c’est Cloverfield. On s’identifie aux personnages, ça bouge dans tous les sens, on ressent vraiment l’effet « catastrophe contre laquelle on est totalement impuissant« , bref, une réussite. Et c’est là que Black Storm échoue. Car moi qui suis plutôt adepte de ce genre d’effets, j’aime quand l’aspect found-footage est présent du début à la fin du film. Ou le cas échéant, j’aime quand on sait parfaitement qui est derrière la caméra (ce qui peut expliquer, tout comme dans Cloverfield, que la caméra change d’épaule suite à un changement dans le scénar’ par exemple). Et c’est ce qui fait cruellement défaut au film de Quale. Il aurait fallu faire un choix, monsieur. Found-footage, or not found-footage.
Dans tous les cas, cela ne m’a pas empêché de passer un agréable moment durant cette projection. Je suis donc prêt à parier qu’il en sera de même pour vous, à condition d’adhérer au concept, à savoir celui du blockbuster de l’été. Ni plus ni moins. Amateurs de bons mots et de scénar complexes, vous êtes comme moi, alors débranchez vos neurones, au moins le temps que la tempête passe.