Durant des années on a associé Leonardo Di Caprio à son rôle de jeune premier dans Titanic. Presque 20 ans plus tard, sa « reconversion » a de quoi forcer le respect. Shutter Island, Django Unchained, ou encore Le Loup de Wall Street sont autant d’exemples de sa réussite professionnelle. Daniel Radcliffe n’en est pas encore là, mais entre sa carrière au théâtre et son rôle dans La Dame en Noir, avouons-le, il s’éloigne de plus en plus de son étiquette en forme d’éclair qu’on lui avait jusqu’ici collé sur le front. « Monsieur Potter » nous revient cette année dans Horns, et ce n’est pas pour nous déplaire.
Horns (traduisez par « Cornes ») est le nouveau bébé du réalisateur français Alexandre Aja. Dire que ce monsieur est capable du meilleur comme du pire relève de l’euphémisme. Car en effet, bien qu’il soit à l’origine de Mirrors (avec Kiefer Sutherland) ou encore de La Colline a des Yeux, il est aussi et surtout le metteur en scène de Piranha 3D, et là tout de suite ça fait moins rêver. Mais qu’à cela ne tienne, puisque, après tout, Horns est l’adaptation d’un roman. Non, vous ne rêvez pas. Après Enemy, Si je reste, Les Gardiens de la Galaxie, ou encore Les Boxtrolls (dont je risque de vous parler très bientôt), nous voilà encore face à l’adaptation en film d’une oeuvre papier.
Passé ce détail, on peut comprendre que le réalisateur ait pu tomber sous le charme. Horns nous conte en effet l’histoire tragique d’un dénommé Ig (joué par Daniel Radcliffe). De son vrai nom Ignatius Perrish, le jeune homme va voir sa vie chamboulée le jour où sa fiancée Merrin (jouée par Juno Temple, que j’avais pour ma part découvert dans L’An Un, aux côtés de Jack Black et Michael Cera) sera retrouvée sans vie dans une forêt voisine. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, toute la ville est persuadée qu’il est lui-même le meurtrier. Le synopsis pourrait s’arrêter là mais ce n’est pas tout. En effet, si l’histoire de Ig est si insolite, c’est aussi et surtout parce qu’il va se réveiller du jour au lendemain avec des cornes sur la tête (d’où le titre du film).
Vous vous en doutez, cela va donner lieu à toutes sortes de situations plus ou moins coquasses, d’autant que les cornes en question semblent être dotées d’un étrange pouvoir. Dès que Ig s’approche de quelqu’un, la personne en question se met à avouer ses vices ou encore à déblatérer sur les choses les plus malsaines enfouies en elle. On pense notamment à la scène hilarante dans laquelle les deux officiers de police du coin, après avoir été en contact avec les cornes donc, avouent être gays et se masturber après le boulot en s’imaginant nus l’un l’autre. Tout simplement tordant. C’est d’ailleurs l’une des forces de ce film. L’humour est ici très juste, et toujours noir. L’ambiance n’en pâtit donc pas le moins du monde. Oui car Horns est glauque et c’est tant mieux. Pour autant, je dois dire que j’ai du mal à cerner l’oeuvre dans sa globalité. Comprenez par là que si l’histoire du meurtre est très crédible, celle des cornes (et de tout ce qui va en découler) l’est tout de même beaucoup moins. On verse donc énormément dans le fantastique avec ce long-métrage et ça ne plaira pas à tout le monde. La fin elle-même en laissera sans doute plus d’un perplexe, à la fois surprenante et sans doute un peu « too much« .
Mais soyons honnête, j’ai clairement du mal à prendre ce film en défaut. Que ce soit par le biais de sa mise en scène ingénieuse (saupoudrée de fantastique, je vous le disais, mais également d’ellipses temporelles très astucieusement placées), ou encore de la voix-off de Ig résonant à plusieurs reprises pour nous conter son histoire en temps réel (là encore comme dans un roman), Horns impressionne. L’intrigue elle-même saura d’ailleurs vous tenir en haleine jusqu’à la fin, plusieurs révélations étant au programme. Car oui, Horns est un thriller. Je ne comprends décidément pas pourquoi sa fiche descriptive officielle mentionne « Épouvante-Horreur« . Suffit-il d’inclure quelques scènes sanglantes et une ambiance maléfique à un film pour le voir basculer du côté de l’Horreur ? Il faudra dans ce cas m’expliquer pour quelle raison il n’est interdit qu’aux spectateurs de moins de 12 ans seulement.
Mais puisque j’ai eu la chance de visionner ce long-métrage en VOST, permettez-moi de vous dire à quel point j’ai aimé le jeu d’acteur de Daniel Radcliffe. C’est bien simple, il est Ig. Ni plus ni moins. Ce rôle lui va tellement bien qu’on en vient à se rappeler, une fois le film fini, que c’était seulement un rôle (plutôt drôle quand on sait que Shia LaBeouf était le premier choix du réalisateur). La déchéance d’un homme amoureux en qui plus personne n’a confiance… Le poids que ce dernier porte sur ses épaules, voyant sa famille se déchirer par sa faute… Pire que tout, ne pas savoir ce qui est arrivé à sa fiancée le soir de sa mort… Eh bien tout ça est juste parfaitement interprété par l’acteur anglais. A 25 ans, il confirme tout le talent qu’on lui soupçonnait. Monsieur Potter est devenu Monsieur Radcliffe, et ça fait du bien !
Bien sûr, Ig n’est pas le seul personnage intéressant de Horns. Son frère Terry (Joe Anderson), jazzeux dans l’âme, ainsi que Lee (Max Minghella), l’ami d’enfance avocat, sont tout aussi réussis et j’ai clairement apprécié les scènes-clés dans lesquelles ils apparaissent. Mais l’ensemble semble réellement graviter autour du personnage principal. C’est d’ailleurs probablement pour ça qu’on a tant envie de connaître le dénouement de toute cette histoire. On s’attache, comme dirait Christophe Maé, et on prend rapidement parti pour Ig, s’imaginant tel ou tel scénario loufoque en attendant de savoir… Concernant la bande-son, Horns oscille entre musiques épiques servant à merveille l’ambiance fantastique de l’oeuvre, et chansons rock qui mettent dans le bain. On pense notamment à l’excellente reprise de Personal Jesus (Depeche Mode) par Marilyn Manson, berçant ici l’une des scènes les plus drôles du long-métrage.
Pour autant, Horns n’est pas parfait, non. Parfois un peu exagéré, même dans ses métaphores, il l’est aussi quand il touche à l’amour. Cela ne sonne pas toujours très juste, il est vrai. Mais tout comme dans Elle l’adore dont je vous parlais tout récemment, le long-métrage d’Alexandre Aja nous pousse à nous poser LA question, à savoir : « A sa place, qu’aurais-je fait ?« . En effet, les deux films en question traitent, d’une manière tout à fait différente cependant, de la mort d’une femme à laquelle son fiancé doit faire face. Dans Horns en revanche, et c’est sûrement ce qui m’a le plus déçu, on assiste surtout au combat du Bien contre le Mal. Problème : celui-ci est surtout un prétexte pour nous parler Religion. Cela ne dérangera pas tout le monde, j’en suis bien conscient, mais ça a été mon cas. Fort heureusement, la démarche ne semble ni intéressée ni explicite. Mais avec le recul, je dois dire que la thématique Anges VS Démons m’a paru un peu lourde et maladroite.
Quoiqu’il en soit, même s’il sort chez nous avec un an de retard sur les États-Unis, Horns est un film comme on aimerait en voir plus souvent. Après avoir subi la daube intersidérale appelée Tu veux ou tu veux pas (nanar dans lequel on déteste Patrick Bruel et Sophie Marceau, aussi ridicules l’un que l’autre), je peux vous assurer que Daniel Radcliffe a fait mon bonheur (en tout bien tout honneur bien sur). Imparfait, parfois bizarre (voire gênant à certains moments), il est surtout captivant. Deux heures qui passent rapidement tant on est pris dans le même engrenage qu’Ignatius. De son ambiance tout simplement délicieusement maléfique à sa mise en scène, en passant par ses décors dépaysants rappelant fortement Twin Peaks, le nouveau long-métrage d’Alexandre Aja (en attendant l’adaptation en film du manga Cobra) a -presque- tout pour plaire. C’est en tout cas mon coup de coeur du moment, j’espère donc qu’il vous plaira également. Mais… Que diable faites-vous encore là ?
Après avoir lu ton article, il parraît pas si mauvais que je le pensée… Intrigant, en faite c’est cornes c’est des serpents non ? 🙂
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Il est tout sauf mauvais, c’est une histoire d’amour qui vire au drame fantastique. Pour les cornes je peux pas en dire plus sous peine de te spoiler, ce serait dommage 😉
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D’accord, mais ta mi une photo ? avec des serpent donc… hihihihiihih
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Ils font partie du film mais c’est différent 😉 Je te le conseille en tous les cas, tu pourrais être surprise 🙂
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