Si comme moi vous êtes fan des jeux vidéo Guacamelee, Puppeteer, et LittleBigPlanet (premier du nom), sachez que La légende de Manolo a toutes les chances de vous plaire. Pas que ce film d’animation rende hommage aux jeux de plates-formes, non. Mais ils ont tous les quatre un univers particulier en commun, à savoir le folklore mexicain.
Pour être plus précis, et puisque le film sort peu avant la période d’Halloween, notez qu’on a ici à faire au Jour des Morts (les deux premiers jours de novembre, au Mexique). Chez nous, la Toussaint c’est surtout très sobre, solennel même. Mais la même fête, façon sud-américaine, devient tout de suite beaucoup plus « exotique ». C’est dans ce contexte que l’on apprend dès le début du film à faire connaissance avec les trois personnages principaux. Manolo, Maria, et Joaquin forment en effet un trio inséparable d’amis. Évidemment, tout comme Ben Stiller, Jenna Elfman et Edward Norton dans Au Nom d’Anna, les deux garçons sont tous deux éperdument amoureux de la demoiselle.
Xibalba, seigneur des Âmes Oubliées, va donc faire un pari plus ou moins original avec La Muerte, déesse des Âmes Chéries. En effet, si la douce Maria épouse le bagarreur et preux Joaquin, monsieur le méchant pas beau gagnera le droit de régner sur le paradis. Si au contraire c’est le beau et romantique Manolo que Maria choisit, La Muerte interdira à Xibalba d’interférer dans les affaires des humains.
De ce pari découlera donc toute l’intrigue du film. On aura même droit à plusieurs histoires dans l’histoire. On apprendra en effet que Manolo, contrairement à tous ses ancêtres, ne veut pas devenir torero comme son père le souhaiterait (puisque la mise à mort du taureau est selon lui inacceptable, Francis Cabrel appréciera), mais plutôt chanteur (là encore, Francis, si tu nous lis…). Joaquin de son côté fera ses classes et sera décoré des centaines de fois pour son courage, devenant tout naturellement héros de San Angel (le village où se déroule le film). Enfin Maria, quant à elle, ira vivre dans un pensionnat de bonnes soeurs quelques années, avant de revenir faire chavirer les deux mâles susnommés.
Voilà donc pour le synopsis de base. Soyons clair, on a vu bien plus original ces dernières années. Pourtant, la recette fonctionne immédiatement. On s’attache en effet très vite à Manolo, et devant la nature indécise de Maria, on en vient même à se demander durant tout le film vers qui son coeur finira par balancer. Pour l’anecdote, si c’est bien Jorge R. Gutierrez le réalisateur (qui met ici en scène son tout premier film), le producteur du long-métrage latino-américain n’est autre que Guillermo Del Toro himself. C’est d’ailleurs ce dernier qui a eu l’idée et l’envie de donner vie à ce projet, et ce, il y a presque 15 ans maintenant.
Dernière anecdote, et non des moindres, la traduction française, et notamment des noms, peut faire sourire. En effet, le titre du film en VO est The Book of Life. Croyez-moi, La légende de Manolo est un intitulé qui colle bien mieux au film, tant on ne croise le fameux bouquin guère plus d’une dizaine de minutes. Là où les choses deviennent comiques en revanche, c’est au moment où l’on se rend compte que les personnages ne sont pas nommés tout à fait de la même manière que chez nous Outre-Atlantique. Si Manolo reste Manolo, La Muerte française est en revanche La Catrina de la Muerte aux USA (à qui l’inénarrable Christina Applegate prête sa voix), tandis que notre Maria devient Mary Beth (?), et notre Xibalba devient Skeleton Carmelo (!). Étranges que ces choix, alors que la traduction française reste, elle, bien plus proche de l’esprit du film, pour une fois.
On ne va pas se mentir, si le film est très agréable à suivre, c’est aussi et surtout dû à son incroyable qualité visuelle. L’ayant vu pour ma part en 3D, je peux vous assurer que j’en ai pris plein les yeux. Je vous le disais, si Les Boxtrolls bénéficiait lui aussi de cette technologie, on ne pouvait pas pour autant dire que son niveau de profondeur impressionnait. C’est ici tout le contraire avec La légende de Manolo. Concernant l’aspect visuel du film à proprement parler, les noirs sont intenses, les effets de lumière (et notamment les couleurs fluo) sont très réussis. On notera d’ailleurs le contraste entre le San Angel « normal », bénéficiant d’un filtre aux tons jaunes (Mexique oblige), et le monde des Âmes Chéries, tout simplement sublime tant il émerveille par son flot de couleurs, de confettis et autres monuments grandioses, le tout jouant sur une saturation assez élevée.
Mention spéciale, également, à la scène de l’arène enflammée. Une scène chargée en émotion qui me permet d’enchaîner tout naturellement avec l’autre point névralgique du film : sa bande-son. Car La légende de Manolo renoue en quelque sorte avec un genre que l’on croyait, pour ainsi dire, disparu. Celui du film d’animation qui chante. Ayant grandi pour ma part avec toutes sortes de films estampillés Walt Disney (Le Roi Lion, Toy Story, Aladdin, Pocahontas, L’Étrange Noël de Mr Jack…), je dois dire que je me réjouis d’entendre tant de chansons dans le premier bébé de Jorge R. Gutierrez.
A noter que celles-ci sont quasiment toutes en français. Cela me paraît indispensable, ne serait-ce que pour que les enfants puissent les comprendre. Et si vocalement, Benjamin Pascal (voix française de Manolo) s’en sort de fort belle manière (à l’exception des chansons en anglais), force est de constater que textuellement, la plupart des morceaux sont loupés. J’imagine sans mal qu’il a fallu se caler sur la synchronisation labiale originale, et en cela faire avec des mots « courts et simples ». Je resterai donc indulgent sur ce point, même si, soyons honnête, la relative simplicité des paroles (et leur manque flagrant de vocabulaire) m’a clairement dérangé.
Pour ce qui est de la bande originale « non-chantée », les musiques disséminées ça et là collent sans trop de mal à l’ambiance générale que dégage le film. Certains thèmes extrêmement connus sont même présents, mais simplement repris à la sauce mexicaine (sans mauvais jeu de mot). Les doublages français sont assurés par Mélody Dubos (la belle Maria), Emmanuelle Rivière (la très intrigante La Muerte), et Jean-Marc Charrier (l’insupportable Xibalba). A vrai dire, seul le doublage de Joaquin (au début du film, lorsqu’il est encore enfant) est assez mauvais. Pour tout le reste, c’est du très bon.
Deux petits reproches, tout de même, avant de terminer ce billet. Tout d’abord, sachez que la bande-annonce du film est, comme qui dirait, mensongère. En effet, après l’avoir visionné (et avant d’aller voir le film en salles, donc), je m’attendais clairement à ce que Xibalba ordonne à Manolo de réussir, à la manière d’Hercule en son temps, tout un tas d’épreuves toutes plus impossibles les unes que les autres, et ce afin de conquérir le coeur de la belle Maria. Au final il n’en est rien. On appâte tout simplement le spectateur avec un montage d’images qui n’ont aucun rapport avec le dialogue entendu (pris sur une autre scène du film), afin de nous laisser croire à un scénario de telle ou telle sorte. J’ai trouvé ça plutôt honteux, mais en aucun cas rédhibitoire, puisque secondaire et n’enlevant finalement rien au charme du film.
Enfin, et c’est valable pour énormément de films d’animation (entre autres) sortis ces dernières années, le plus gros souci de La légende de Manolo reste l’humour. Pas qu’il en manque, non. Disons juste que 90% de ses gags tombent à l’eau. Alors certes, je ne ris pas à tout, en règle générale. Mais puisqu’il s’agit d’être honnête, pas un seul enfant n’a ri durant la projection. Ce n’est pas pour autant qu’ils n’ont pas eu l’air d’apprécier le film. J’en ai même conclu à leurs mines réjouies qu’ils avaient, au contraire, passé un très bon moment. Force est de constater, en revanche, que le niveau des blagues ne vole pas très haut. J’irai même jusqu’à dire que celles-ci sont plutôt hors de propos. A voir ce que vos bambins en penseront.
C’est donc avec un plaisir non dissimulé que je vous conseille sans aucun doute possible d’aller voir La légende de Manolo, seul, en couple, ou en famille. Les 95 minutes que dure ce petit bijou d’animation vous sembleront bien courtes, compte tenu de la connotation épique de l’ensemble. Nul doute que vous en prendrez plein les yeux devant ce mélange de couleurs, d’ambiances et de décors. Espérons que la partie sonore vous émerveille autant qu’elle l’a fait en ce qui me concerne. Et si l’originalité n’est pas le point fort de ce nouveau « dessin animé », sachez que le projet commun de Guillermo Del Toro et Jorge R. Gutierez se rattrape sur beaucoup d’autres points, que je vous laisse le soin de découvrir, lunettes 3D sur le nez. La légende de Manolo sera visible en salles à partir du mercredi 22 octobre 2014. Ave Maria !
C’est quoi un film d’animation ? c’est un film pour les enfants ça.
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Je plaisante je c’est ce que c’est, il donne envie d’aller le voir.
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C’est fait pour 😉 Merci pour ton commentaire.
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Très beau billet!!!!!
Et merci de respecter les VF 😉
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Merci à vous pour ce commentaire. A bientôt.
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