L’interview qui tue ! (ou The Interview en VO) est probablement le film qui a bénéficié du « meilleur » coup de pub possible depuis d’innombrables années, et ce, fin 2014. Vous n’étiez pas au courant et avez l’impression d’avoir un train de retard ? Tonton Toc est là pour éclairer votre lanterne (verte, si possible)…
En effet, il y a quelques semaines, la Corée du Nord ainsi que des hackeurs de tous horizons ont tout simplement menacé Sony (distributeur du film) de représailles « explosives » si le studio persistait à vouloir sortir le long-métrage dans les salles. Au final, ce sont des dizaines de cinémas à peine qui ont pu projeter The Interview au pays de l’oncle Sam. En parallèle à ça, ce dernier était disponible en VOD sur YouTube (rapportant ainsi plus de 40 millions de dollars à Sony). Alors si les salles françaises le diffuseront bel et bien dès le 28 janvier, j’ai pour ma part vu ce film « événement » pendant les fêtes de noël. Verdict.
Ceux et celles qui n’ont pas forcément suivi l’affaire dès ses débuts se demandent peut-être pour quelle(s) raison(s) un film pourrait se voir ainsi banni, voire catalogué de « honteux » par tant de médias… La réponse est à la fois simple et compliquée. Simple car L’interview qui tue ! met en scène, entre autres, l’assassinat du dictateur nord-coréen Kim Jong-Un, rien que ça. Mais également compliquée car ce film est le nouveau bébé de Seth Rogen et Evan Goldberg.
Si le premier est un acteur canadien ultra-connu (En cloque : mode d’emploi, The Green Hornet, 40 ans toujours puceau…), le deuxième, canadien lui aussi, est surtout le scénariste de films tels que Supergrave, Délire express, ou encore Voisins du troisième type. Les deux compères ont réalisé leur premier film commun en 2013, ça s’appelait C’est la fin. Un immense foutoir doté d’un humour tranchant, d’un panel de stars tout simplement gargantuesque, et d’une mise en scène quasi-parfaite saupoudrée d’effets numériques impressionnants (vous pouvez retrouver ma critique de ce dernier en cliquant ici).
Pourtant, avant de les retrouver cette année avec Console Wars (un film de geeks relatant la guerre entre SEGA et Nintendo au beau milieu des années 1990), un deuxième film estampillé Rogen-Goldberg vient de voir le jour. L’interview qui tue !, puisque c’est son nom, aurait pu ressembler comme deux gouttes d’eau à C’est la fin (This is the End, en VO, comme dirait Adele). Pourtant, c’est malheureusement tout l’inverse. Gags soporifiques, mise en scène mollassonne, scénario bâclé, bref… Veuillez m’excuser par avance, mais je me devais de vous informer de ce qui vous attend en salles.
Car si le scénario n’a rien de dérangeant à la base (toutes proportions gardées, cela va de soi), dans mon cas la déconvenue fut totale après avoir visionné ce nanar (durant tout de même 1h52, excusez du peu). Bande-son incohérente, montage douteux, longueurs présentes tout au long du film, bref… Ne nous voilons pas la face plus longtemps, The Interview marquera l’histoire du Cinéma uniquement de par la controverse dont il a été (volontairement ?) victime.
Et si Lizzy Caplan n’est pas crédible une seule seconde en secrétaire dite « sexy », force est de constater qu’elle apparaît tout du moins ici en meilleure forme que dans Cloverfield. A contrario, Randall Park reste selon moi une erreur de casting. Ce dernier campe un Kim Jong-Un du pauvre. Que ce soit physiquement (puisque l’acteur n’a pour ainsi dire aucune ressemblance avec le dirigeant nord-coréen), ou tout simplement au travers de ses mimiques. Le tout fait très parodique, au final. Et c’est également en cela que le film loupe le coche. Car en voulant mixer un sujet de fond globalement tout ce qu’il y a de plus sérieux avec des gags à caractère sexuel tendance scatophile version pré-pubères (oui, cette phrase est extrêmement longue), on ne peut s’empêcher de se poser la question durant ces 2 heures. Où veulent-ils en venir ? C’est censé être drôle ou au contraire dénoncer une politique insensée ? Et si les réalisateurs avaient voulu faire les deux à la fois, est-ce vraiment à ce mélange indigeste que le film aurait dû ressembler ?
Alors oui, certains trouveront que j’exagère et que le film est loin d’être aussi mauvais. Certes, je suppose que certaines scènes sauvent la mise, celle de la conversation sur Katy Perry notamment. Ainsi que l’impressionnante interview d’Eminem (himself, oui, oui) apparaissant au tout début du long-métrage. Sans oublier que les 30 dernières minutes sont tout de même bien sympathiques. Mais c’est là encore extrêmement dommageable pour ce projet un brin ambitieux. Pourquoi avons-nous l’impression que ce « final » est parfaitement dans l’esprit de C’est la fin ? Pourquoi ne peut-on se retenir de penser que c’est ÇA qu’aurait dû être The Interview ? D’autant que Rogen est loin d’être mauvais dans ce film. C’est même selon moi l’acteur qui empêche le long-métrage de se vautrer lamentablement. Ceci pour une seule et unique raison, car le ratage quasi-total du projet tient en 2 mots : James Franco !
Si l’acteur de 127 heures était tout bonnement excellent dans Spider-Man ou encore, comme dit plus haut, dans C’est la fin (décidément), force est de constater que monsieur Franco nous apparaît ici aussi imbuvable que dans le navet interplanétaire nommé Spring Breakers. De son jeu d’acteur strictement insupportable et faux, en passant par ses mimiques dignes d’un Jim Carrey enrhumé des années 70, l’ami James saborde complètement le travail de son compère Seth et apparaît tout bonnement ici comme LA tête à claques officiant comme plus grosse erreur de casting de ces 10 dernières années (Randall Park n’est pas très loin au classement, rassurez-vous !).
N’en jetez plus, la coupe est pleine ! Voilà donc, au travers de cet article ultra-court, ce que j’ai retenu de L’interview qui tue !. Un scénario basique mais qui aurait pu déclencher des fous rires d’anthologie chez le fan que je suis, un Seth Rogen en pleine forme, quelques dialogues cultes et des effets spéciaux plutôt réussis. Un minimum de points positifs, donc. Je regrette malheureusement que tout ceci ne pèse pas lourd face à ce qui m’a paru être au final un film mou du genou (la première heure est tout simplement un calvaire), lent, chiant, mal monté, très mal joué par certaines têtes d’affiche… En bref, un projet bâclé qui aurait pu faire des étincelles. C’est Katy Perry et ses fireworks qui vont faire la tronche !