Si vous êtes un(e) fana de la danse du ventre, vous connaissez probablement Shantae. Cela fonctionne aussi si vous êtes accro aux jeux de plates-formes old-school en 2D. Il est d’ailleurs assez troublant de se dire que, malgré des qualités indéniables, cette licence signée WayForward a toujours eu beaucoup de mal à faire son trou dans le coeur des joueurs européens.
Quoiqu’il en soit, après un premier opus arrivant tardivement (en 2002 pour être précis) sur GameBoy Color, la licence refit surface en 2011 sur consoles portables et smartphones avec une suite intitulée Risky’s Revenge. Ce dernier sortit d’ailleurs l’an dernier sur PC, histoire de toucher un « nouveau » public. Dans la foulée, WayForward décida de sortir le 3ème soft de la trilogie, Shantae and the Pirate’s Curse, sur Wii U et 3DS, l’éditeur / développeur étant sous contrat avec Nintendo. Ce dernier rencontra un succès mérité, mais néanmoins toujours un peu timide. Qu’à cela ne tienne, voici qu’a débarqué ce fameux Shantae and the Pirate’s Curse sur PC, et ce, pas plus tard que le 24 avril 2015. Tout ceci, précisions-le, afin de « préparer » les joueurs à l’arrivée du 4ème opus, Half-genie Hero, à venir sur PlayStation 4 et autres supports en fin d’année 2015.
Mais qu’en est-il réellement de ce Pirate’s Curse ? Eh bien, pour commencer, sachez que cette version PC tourne à 60 images / seconde. Ce qui se ressent clairement en jeu et offre un confort visuel presque palpable. Visuellement, d’une manière assez générale, le soft est plaisant à regarder (pour peu que l’on adhère aux jeux résolument old-school évidemment), et les différents mondes (7 au total) ont semble-t-il tous bénéficié d’un soin tout particulier. Le dépaysement est total et le changement d’ambiance garanti. Passer d’une forêt à un port, en passant par des égoûts, des cimetières ou encore des cavernes, forcément ça donne envie de voyager. Pour autant, l’aventure n’a rien d’une balade en cure thermale. Oubliez Center Parcs et préparez-vous à devoir faire face à toutes sortes de créatures étranges. Des sirènes lâchant des bulles mortelles (!) aux grenouilles baveuses, en passant par des soldats en armures, des zombies à tête explosive ou encore des épouvantails à mauvaise haleine, là encore la diversité est bien présente. La difficulté aussi, d’ailleurs.
Car si les boss m’ont paru globalement assez simples à neutraliser (bien qu’assez dégoûtants, ça je ne peux le nier), les ennemis « basiques », eux, m’ont souvent fait péter les plombs. La raison ? C’est tout simple, ils sont souvent collés les uns aux autres et nécessitent qu’on les approche avec un doigté d’une précision mortelle. Tel les platformers de notre enfance, en somme. Un aspect volontairement tourné vers la nostalgie qui prendra tout son sens dès lors que l’on lancera le jeu. En effet, s’il y a bien une qualité que l’on ne peut décemment pas retirer à ce Shantae and the Pirate’s Curse, c’est sa bande-son tout simplement magistrale. Jake Kaufman, alias Virt, officie ici. Les amateurs auront vite fait de sourire bêtement, tandis que les néophytes se demandent bien de qui je peux être en train de parler. Sachez, mes amis, que Jake Kaufman est l’un des compositeurs chiptune les plus prisés par les éditeurs / développeurs. Retro City Rampage, Double Dragon Neon, Shovel Knight, DuckTales Remastered… Le monsieur a un CV musical bien rempli, et ce ne sont pas les compositions qu’il a introduit dans ce Shantae and the Pirate’s Curse qui me feront dire le contraire.
A contrario, on trouve très peu de dialogues doublés dans ce soft, ce qui n’est pas le cas des dialogues écrits. Des tonnes de textes sont au rendez-vous et on peut dire que ce n’est pas forcément une bonne chose. Comprenez par là que ces derniers cassent non seulement un peu trop souvent le rythme du jeu, mais ils ont également le culot d’être intégralement en anglais. Quitte à écrire un scénario complet (et ma foi bien inutile) dans un platformer tel que celui-ci, autant proposer une traduction dite « européenne », non ? Après tout, les autres jeux estampillés WayForward étaient lisibles dans la langue de Molière, eux. Sans oublier que les versions Wii U / 3DS de ce Shantae and the Pirate’s Curse ont elle aussi bénéficié d’une traduction. Plutôt étrange, dans ces conditions, d’imposer les dialogues originaux aux joueurs PC.
On notera également bon nombre d’allusions sexuelles un brin trop prononcées. On pense notamment à la scène mettant en avant un couple de lesbiennes quasiment nues, barbotant dans l’eau. A ce moment du jeu, notre héroïne (Shantae, donc) se retrouve mouillée, entre les deux filles. Au vu de leurs sourires, de leurs attitudes et de leurs tenues, on a tout simplement l’impression que la scène à laquelle on assiste va rapidement se transformer en ménage à trois et que la musique rétro va soudainement laisser place à un solo jazzy de saxophone. Fort heureusement, il n’en est rien. Quoiqu’il en soit, le PEGI 12 accordé au titre semble parfois bien léger…
En ce qui concerne le gameplay à proprement parler, quiconque aura déjà touché à un Super Mario ou autre Rayman sera à son aise en quelques minutes. On saute, on donne des coups de queue (je parle bien évidemment d’une attaque capillaire), on active des mécanismes, on ramasse des trésors cachés… Bref, la recette est ultra-classique, et c’est ce que l’on voulait si je ne m’abuse. Après tout, lorsque l’on cherche un jeu résolument rétro à la Shantae, c’est que l’on est attiré par un genre de jeux qui ne se renouvelle que très peu à travers les époques, et que cela nous plaît ainsi. Les vies sont illimitées, les sauvegardes manuelles (auprès des petits vieux disséminés à travers tout le jeu), on peut prendre des auto-potions sur nous pour ne pas réellement mourir au combat, se servir de la lampe d’Aladdin pour absorber les énergies maléfiques, casser des objets pour ramasser les bijoux qui s’y planquaient, ou encore ramasser des poulpes tout mignons pour les transformer en barre de vie supplémentaire grâce à la sorcière du coin. Et si l’histoire est, elle aussi au ras des pâquerettes, sachez tout de même que cette fois vous ferez équipe avec Risky Boots (oui, oui, votre ennemie jurée des précédents opus), afin de contrer le vilain pas beau Pirate Master (vous noterez l’originalité des noms de personnages).
En bref, rien de bien nouveau sous le soleil lorsque l’on est habitué aux platformers old-school, ou même lorsque Shantae fait partie de nos licences préférées. Ajoutez à cela une durée de vie un peu faiblarde, un aspect répétitif un peu trop prononcé, et un prix de lancement de 19.99 €, et vous obtiendrez un jeu somme toute sympathique, mais loin d’être indispensable. Une version PC qui reste tout de même bienvenue, d’autant qu’elle est entièrement jouable au pad PlayStation 4 (ce qui, vous vous en doutez, est forcément un gage de qualité certain), qu’elle tourne, comme dit plus haut, à 60 images / seconde, et qu’elle inclut tout un tas de succès Steam au préalable absents des versions Nintendo. A acheter en promo si l’aventure vous tente. Et croisons les doigts, donc, pour que le prochain opus à venir en fin d’année soit à la hauteur de nos attentes. En attendant, WayForward, vous savez ce qu’il vous reste à faire !