Été 2024. Alors que des milliers de Français sont en vacances au soleil et/ ou en bord de mer, le groupe Canal+ s’est mis en tête de nous proposer une nouvelle série TV à l’ambiance un tantinet différente. Boat Story, puisque c’est son nom, n’a en effet nullement l’intention de vous faire voyager. Tout du moins… pas là où vous l’auriez espéré. Récit.

Pas de générique à proprement parler, une aura et une musique glaciales, un narrateur (Ólafur Darri Ólafsson) à la voix aussi grave qu’envoûtante, dès l’épisode pilote il est clair que ce show télévisé estampillé BBC One démarre sur les chapeaux de roue. Ah… Aurais-je oublié de le préciser auparavant ? Effectivement, Boat Story est une série tout ce qu’il y a de plus britannique. Cela se ressent-il tout au long des 6 épisodes ? Heavens, vous n’avez pas idée !

Le crime paie… parfois.

Je vous en parlais justement il y a encore quelques jours, à travers mon test du jeu vidéo Thank Goodness, You’re Here!, l’humour british est un véritable gage de qualité lorsqu’il s’agit d’émettre une critique concernant une oeuvre, quelle qu’elle soit. La série qui nous intéresse aujourd’hui part donc avec un avantage certain, mais figurez-vous que c’est très loin d’être le seul. Indeed, de prime abord c’est avant tout son intrigue rocambolesque qui fait de cette « Histoire de Bateau » un spectacle incontournable. Jugez plutôt.

Le scénario prend place dans un trou paumé, sur la côte nord de l’Angleterre (décidément, le Yorkshire ne nous lâche plus). Et c’est justement en promenant leurs chiens respectifs, sur la plage, que Janet et Samuel vont se rencontrer. Non, je vous arrête tout de suite, il ne s’agit nullement d’une histoire d’amour. En lieu et place d’un éventuel coup de foudre, nos deux protagonistes vont plutôt faire face au destin, matérialisé ici sous la forme d’un bateau échoué sur le sable (d’où le titre, oui).

« COMBIEN ??! »

Sur le pont de l’épave se trouvent deux corps sans vie. Vous avouerez que ça n’arrive pas tous les jours. Encore moins si je vous dis que le navire est également rempli de cocaïne… et que nos deux héros vont dès lors se mettre en tête de tout revendre en douce, dans le but somme toute banal de devenir riche (et d’enfin quitter ce bled tristounet). Bien entendu, c’était sans compter sur la colère du Tailleur, le grand méchant narcotrafiquant de l’histoire, incarné (assez mal d’ailleurs) par monsieur Tchéky Karyo.

À ce propos, la prestation du Frenchie, coincé dans un surjeu perpétuel, est bien la seule à décevoir. Tous les autres intervenants étant absolument impeccables dans leurs rôles : Daisy Haggard (Doctor Who, Harry Potter), Paterson Joseph (Law & Order: UK, Wonka), Joanna Scanlan (Bridget Jones Baby, Slow Horses)… Évidemment, et même si la VF pourra sans doute en contenter certains, comme dans tout projet british je ne saurais que trop vous conseiller d’opter en premier lieu pour la VO.

Ça commence comme une blague belge…

Les dialoguistes s’en sont d’ailleurs donné à coeur joie, et le show de la BBC, tout comme la superbe Bad Sisters, se permet même d’alterner sans cesse entre humour noir et véritables scènes sombres (mention spéciale pour le commissariat de police de l’épisode 1). Les meurtres ne sont pas rares, la violence visuelle non plus, au point que le Snatch d’un certain Guy Ritchie pourrait aisément passer pour un enfant de choeur en comparaison.

Sur un plan purement technique, restons sérieux : Boat Story est un vrai délice, à la fois pour les yeux et pour les oreilles. La photographie met aisément en avant la beauté morbide des paysages, tandis que les musiques (signées Dominik Scherrer) rappellent aussi bien l’ambiance des westerns que celle des plages anglaises (!). Un mélange que l’on n’attendait certainement pas, mais qui fait diablement bien son office.

Ben, l’enquêteur que personne ne comprend.

Que dire de plus, si ce n’est que l’on tient là une nouvelle corde, positionnée sur l’arc (déjà bien rempli) de la télévision d’Outre-Manche ? Remercions donc les deux frères Jack et Harry Williams (déjà scénaristes sur la série The Tourist), qui signent ici un petit bijou de thriller en 6 épisodes. Efficace, prenante, drôle, surprenante, Boat Story a tout pour plaire.

Notez d’ailleurs qu’on s’attache terriblement vite aux différents personnages (ne serait-ce que Ben, le policier un poil benêt, ou encore Guy, l’homme à tout faire qui a un sérieux penchant pour la poterie). Nul doute, donc, que vous dévorerez l’intégralité de cette mini-série en à peine quelques heures. Tout du moins le temps de visiter cette ville côtière pas accueillante pour un sou. Pour 1 million de livres, en revanche…

Laisser un commentaire

Tendances