Si d’ordinaire je garde volontiers un peu de mystère concernant l’avis que je peux avoir sur tel ou tel film décortiqué pour vous par mes soins, je dois avouer que je vais avoir du mal cette fois à contenir très longtemps ce que j’ai à vous dire sur ce nouveau film d’animation estampillé Nickelodeon. Bob l’éponge – Le film : Un héros sort de l’eau sera en effet visible dès le mercredi 18 février en salles. Mais en attendant, l’ayant vu avec quelques jours d’avance, je peux vous dire qu’il y a beaucoup de choses à évoquer, alors commençons tout de suite si vous le voulez bien.
Si comme moi vous êtes fan, ou tout du moins amateur, de la série animée Bob l’éponge depuis sa création (c’est à dire une quinzaine d’années), vous devez forcément avoir vu le long-métrage dénommé Bob l’éponge : Le film, sorti en 2005 au cinéma, en 2006 en DVD, puis en 2013 au format blu-ray. Réalisé par Stephen Hillenburg, le film avait cartonné à la fois au box-office mais également auprès des spectateurs. L’humour y était omniprésent, l’histoire était originale, et les scènes insolites ne manquaient pas (David Hasselhoff s’en souvient sûrement encore). Ce serait donc un euphémisme de dire que la suite de ce premier volet cinématographique était attendue. Certes, Un Héros Sort de l’Eau n’est pas à proprement parler le second opus (car dans Bob l’éponge, on prend souvent les mêmes et on recommence d’une autre manière), mais étant donné que 10 ans séparent les deux films, vous allez voir qu’il vaut mieux savoir où on met les pieds.
Les premiers trailers furent diffusés l’été dernier, et je dois dire qu’en tant que fan de l’animé, j’ai tout de suite sauté de joie. En cause les effets visuels qu’on nous sert dans l’intégralité de la bande-annonce, tout simplement ahurissants. En effet, pour la première fois dans l’histoire de la série on allait voir des versions super-héroïques de nos protagonistes préférés (à savoir Bob, Patrick, Carlo, Krabs, et Sandy), incrustés dans le monde réel et jouant face à de vrais acteurs. Certes c’était déjà un tout petit peu le cas dans le premier film, mais pas à ce point-là, loin de là.
Alors si comme moi vous avez adoré la bande-annonce et voulez allez découvrir ça en salles en espérant y trouver le même contenu, je vous arrête tout de suite : vous vous êtes fait avoir (et je vous le dis en connaissance de cause) !!! Que ce soit par le biais de l’affiche, des trailers, ou de toute autre publicité, Paramount Pictures a en effet mis UNIQUEMENT en avant l’aspect super-héros / effets visuels façon pâte à modeler / tournage sur de vraies plages, etc… Bref ! Ça c’est pour la promesse. La réalité est malheureusement toute autre. Sur 93 minutes de film, seules les 20 dernières sont concernées par cet aspect réel ! TOUT le reste du film est visuellement identique à la série animée. Absolument rien d’original, donc. Une honte, tout simplement !
Fort heureusement, l’humour fait toujours mouche, et certaines scènes sont à se faire pipi dessus (oui j’ai dit pipi car je reste soft, moi, monsieur !). On retrouve toujours avec plaisir les personnages de la série. C’est malheureusement avec regret que certains d’entre eux passent complètement à la trappe, tout comme certaines séquences aperçues dans la bande-annonce d’ailleurs… Que le spectateur fan de Bob se rassure toutefois, visuellement le film est une claque. Que ce soit par le biais des dessins dits originaux (auxquels on est forcément habitués si l’on connaît Bikini Bottom), ou encore grâce aux séquence dites réelles dont je vous parlais, justement, un peu plus haut. Le tout fonctionne à merveille et enchantera petits et grands (mais surtout grands, rappelez-vous que Bob l’éponge n’est pas clairement destiné aux plus jeunes). J’ai pour ma part assisté à une projection en 3D et je dois dire que, contrairement à Jupiter Ascending par exemple, le résultat m’a réellement bluffé. L’effet de profondeur est respecté et plusieurs scènes font vraiment ressortir l’action de l’écran. Un point très positif, donc.
Tout ça est d’autant plus dommageable que le film est hélas sabordé par 2 énormes défauts. Le premier n’est pas à mettre sur le dos du réalisateur Paul Tibbitt, mais plutôt sur celui de la production française. Car en effet le film ne bénéficie pas d’une VF irréprochable, loin de là ! Passons brièvement sur le fait que les voix de Carlo et Patrick aient changé (je vous laisse aller voir sur Google pour quelle raison) pour nous concentrer sur le véritable problème de ce doublage franco-français : les mouettes ! Oui car figurez-vous que toute l’histoire du film est contée par Steak Barbare (!) le pirate, qui n’est autre que l’acteur Antonio Banderas. Ce dernier n’est pas gênant en soi et passe plutôt bien à l’écran. Malheureusement pour nous, il est accompagné de plusieurs mouettes (au demeurant très mal réalisées en images de synthèse). Si certaines d’entre elles sont banales, sachez que les trois auxquelles on a affaire à chaque fois sont tout bonnement insupportables ! Leur doublage français (à voir ce que ça donnera en VO) est tout simplement CA-TA-STRO-PHIQUE ! Il est heureux qu’on ne les entende pas aussi souvent que Donald Reignoux dans Jupiter Ascending (décidément), mais tout de même. Pourquoi nous imposer des voix aussi ridicules que celles-ci ? Oui parce que, pour l’anecdote, il faut savoir que les trois mouettes en question sont incarnées par Natoo, Cyprien, et Squeezie.
Si vous n’avez aucune idée de qui peuvent bien être ces personnes, je vous invite là encore à aller checker les réponses sur Google. Ceux qui les connaissent seront en revanche sûrement d’accord avec moi pour dire que l’idée de les engager était tout sauf bonne. Autant Natoo et Cyprien ne sortent pas vraiment du lot et passent même plus ou moins inaperçus tout le long du film (malgré la toute première phrase de Cyprien qui est juste à vomir !), autant le jeu vocal de Squeezie est à s’enfoncer des cotons-tiges dans les tympans. Ça sonne faux de chez faux, on n’a qu’une envie, c’est de lui mettre des claques, et malheureusement pour nous ça contribue énormément à l’impression que l’on a d’assister à un film Bob l’éponge beaucoup plus gamin que le premier. Certes, quelques vannes sont clairement destinées aux adultes (mention spéciale pour le « J’espère que t’aimes le cuir » façon 50 shades of Grey de Monsieur Krabs), mais une fois le générique de fin atteint on ne pourra s’empêcher de comparer ce deuxième long-métrage à une version aseptisée de ce qu’aurait pu nous proposer Nickelodeon (la chanson sur le travail d’équipe est tellement cul-cul que j’ai d’abord cru à de l’ironie… Apparemment ce n’en était pas !).
Je me suis bien fait avoir, tout comme les autres trentenaires de la salle, sans oublier les couples et les quadras. Une preuve de plus que les bambins n’étaient pas censés être le public visé, étrangement. Quoiqu’il en soit, je vous le disais, un deuxième gros défaut vient hélas entacher ce Bob l’éponge – Le film : Un héros sort de l’eau. C’est en effet avec regret que je l’avoue : oui, je me suis fermement ennuyé devant ce deuxième opus. Alors bien sûr, je vous le disais un peu plus haut, j’ai quand même bien ri devant quelques séquences pas piquées des hannetons. Fort heureusement d’ailleurs. Mais d’une manière générale, l’écriture de ce second volet est loin d’être aussi réussie que celle du premier. Étrange lorsque l’on sait que le script du film de 2005 a été écrit par Paul Tibbitt, alias le réalisateur de Bob l’éponge – Le film : Un héros sort de l’eau (ainsi que de 122 épisodes de la série, excusez du peu !). En panne d’inspiration, le Paul ? Probablement. A aucun moment l’intrigue (!) ne nous captive. Pour être honnête, j’ai même été plutôt soulé de voir que le synopsis tournait encore et toujours autour du vol de la recette secrète du pâté de crabe par Plankton.
Bob l’éponge – Le film : Un héros sort de l’eau aura donc été un enchaînement de mauvaises idées jusqu’au bout, à mes yeux. Mélanger séquences animées et séquences réelles aurait pu faire du bien à la licence. Dans ce cas, pourquoi cantonner cette technique aux 20 dernières minutes du projet ? Et surtout pourquoi en faire l’argument de vente principal ? Côté scénar, difficile également de ne pas crier au réchauffé dès lors que le film se rapproche beaucoup trop de ce qu’on a l’habitude de voir dans la série animée. Pourquoi, là encore, partir sur un fil conducteur très enfantin, alors que le projet de 2005 en était l’inverse absolu ? Enfin, et même si la production US n’y est pour rien, force est de constater que la VF catastrophique de certains personnages n’aide en rien à apprécier ce second film. Dommage, fort dommage, d’autant que la 3D est tout bonnement excellente, que les musiques sont superbes, et que quelques scènes m’ont tout simplement fait hurler de rire. Une énorme déception pour le fan que je suis, en résumé. Et puis, soyons honnête : un film Bob l’éponge n’en est pas vraiment un si l’on y entend pas une seule fois « J’aime l’argent ! ». Croisons les doigts, donc, pour de meilleurs choix à l’avenir.