Il est des souvenirs que l’on aime se remémorer. Avoir une dizaine d’années lorsque l’on voit pour la première fois un film comme Jurassic Park, c’est forcément un choc. J’étais qui plus est un enfant fasciné par tout ce qui touchait aux dinosaures (livres éducatifs, jouets, posters…). La logique m’a donc à l’époque poussé à aller voir au cinéma Jurassic Park 2 : Le Monde Perdu, ainsi que Jurassic Park III quelques années plus tard. Une trilogie que j’affectionne tout particulièrement, donc, et qui trône à l’heure actuelle sur mon étagère à Blu-Ray.

Pour autant, qui aurait cru que cette saga reviendrait faire un tour dans nos salles obscures 22 ans après la sortie du premier volet ? Je mentionne avant tout le premier film car, bien que beaucoup de gens ne soient pas au courant, Jurassic World est considéré par son réalisateur comme la suite directe des événements contés en 1993. Et le réalisateur parlons-en ! Colin Trevorrow, c’est son nom, n’est pas spécialement connu du grand public (ni même de la profession). Son parcours derrière le caméra se résume jusqu’ici à un seul long métrage, Safety Not Guaranteed (en 2012). Alors forcément, lorsqu’en 2014 on nous annonça que ce monsieur serait le chef d’orchestre de ce grand retour cinématographique, le scepticisme était de rigueur. Pour être honnête, j’ai même décidé de ne visionner aucune image, aucun teaser, ni même aucune bande-annonce de ce fameux Jurassic World depuis son annonce officielle. Ceci afin d’éviter tout risque de spoil évidemment, même léger. Mais aussi et surtout parce que j’avais peur. Peur d’être déçu, peur de ne plus ressentir cette envie irrépressible de courir en salles pour savoir ce que donne le produit fini. Maintenant que j’ai pu visionner ce quatrième volet des aventures de nos amis (!) dinosaures, je peux vous le dire : oui, j’ai bien fait de me priver de trailers, et oui, j’ai bien fait de me déplacer. Verdict ici, maintenant, et sans spoil messieurs dames !
Je vous le disais, Colin Trevorrow n’est pas nécessairement le réalisateur le plus connu de la décennie (un fait que ce Jurassic World entend bien corriger sur le long terme). Pour autant, le film étant produit par Universal Pictures, quelques acteurs que nous qualifierons de bankables ont fait le pari (risqué, certes) de jouer dans cette superproduction. Commençons par le commencement, puisque le héros du film, à savoir Owen Grady, est incarné par Chris Pratt. Le beau Chris est à la mode, et ce ne sont pas Les Gardiens de la Galaxie qui viendront me contredire. Je reviendrai un peu plus tard, cependant, sur la notion de héros au sein du film Jurassic World. Deuxième tête d’affiche et non des moindres, j’ai nommé Bryce Dallas Howard. Derrière ce nom à coucher dehors se cache la fille du célèbre acteur / réalisateur Ron Howard. La sublime rouquine, que vous avez sans doute déjà aperçue dans Le Village ou bien dans Spider-Man 3, campe ici la responsable du parc à dinos, Claire Dearing. Ajoutez au casting un Irrfan Kahn (vu notamment dans L’odyssée de Pi) pour interpréter monsieur Masrani, l’acteur B.D. Wong venu incarner le même Docteur Henry Wu qu’en 1993 ou encore Vincent D’Onofrio, alias l’engagé Baleine de Full Metal Jacket, dans la peau du peu scrupuleux Hoskins. Quant à notre frenchie Omar Sy, il est également de la partie, et vous allez voir qu’on aurait nettement pu s’en passer. Point de rumeurs fondées, donc : Jeff Goldblum, alias Ian Malcolm, n’est pas de la fête. A moins que…

En effet, le film distille plusieurs easter eggs tout au long de ses 125 minutes, et l’un d’eux m’a tout particulièrement frappé. Vous vous amuserez sûrement autant que moi à essayer de déceler tous les clins d’oeil possibles et imaginables (sans parler de ceux qui ne sont justement que le fruit de notre imagination), mais sachez que le mathématicien (ou plutôt chaoticien comme il aimait à le rappeler) incarné par monsieur La Mouche dans les premiers volets de la saga Jurassic Park est bel et bien présent dans Jurassic World. Pas physiquement, cependant. A vous de bien observer… Quoiqu’il en soit et pour terminer sur la partie concernant le casting, je dois avouer que j’ai trouvé le jeu d’acteur des intervenants plutôt convaincant. Les seuls moments où j’ai pu tiquer n’étaient à vrai dire dus qu’aux scènes en elles-mêmes, parfois extrêmement empreintes de clichés, hélas. La transition est facile, je vous l’accorde, mais je me devais de développer un tantinet mes propos tenus plus au-dessus. L’un des principaux défauts du film, selon moi, est le fait qu’il place le personnage d’Owen Grady en tant que héros. Comprenons-nous bien, Chris Pratt a les épaules (littéralement) pour ce rôle, mais plusieurs points noirs viennent entacher l’ensemble.
Tout d’abord, le gars en question est un ancien militaire de la Navy. Cliché certes, mais aussi et surtout : incohérent. En effet, on fait ici appel à lui pour… vérifier l’état des installations électriques et dresser des raptors. C’est vrai, quoi de plus normal après tout ? Le souci, en plus du fait qu’il joue avec ces carnivores imprévisibles comme avec des toutous, c’est que toutes les scènes d’action gravitent autour de ce personnage, là où Jurassic Park avait le bon goût de ne poser absolument personne en tant que héros. Souvenez-vous, Alan Grant était au centre de tout ça, certes, mais n’avait pas le profil type du mec qui sauve tout le monde. Ici, Chris Pratt est clairement LE lascar qui tape sur des bambous et c’est numéro 1 dresse des machines à tuer en faisant le café et en postant le tout sur Snapchat pour plaire aux filles. Et sans forcer, qui plus est ! Un aspect très blockbuster qui pique un peu. Deuxième défaut, je vous le disais un peu plus tôt, la prestation d’Omar Sy. Pas que le bonhomme soit dérangeant en soi, mais soyons clairs : non seulement son personnage, dénommé Barry, ne sert strictement à rien dans l’histoire, mais il a en plus l’audace de très mal interpréter les 5 lignes de dialogues qui lui sont allouées. A base de « C’est vraiment n’importe quoi ! », ou encore « Non mais tu entends ça ? ». Clairement, on lui préférera son rôle actuel dans les publicités pour la marque de boisson gazeuse Finley (expérience EXIGÉE !). Quoique… Je suis taquin, mais on ne peut pas s’empêcher de sentir une fois encore l’opération un peu bankable du moment qui consiste à engager des acteurs qui buzzent plutôt que des acteurs qui collent au format, et plus généralement à l’histoire.

C’est donc le moment pour moi de vous évoquer le scénario. Car oui, contrairement à ce que les mauvaises langues auraient pu laisser entendre ces dernières semaines (voire ces derniers mois), Jurassic World bénéficie bel et bien d’un scénario. Classique, cliché, et incroyablement prévisible, certes, mais il a au moins le mérite d’exister. Pour résumer le synopsis de départ, l’intrigue (très mauvais choix de mot, pour le coup, mais j’avais envie de le placer) se déroule sur Isla Nublar, et ce 22 ans après les (més)aventures que l’on a connu dans le tout premier film. Le parc du regretté John Hammond (l’homme qui dépensait sans compter) n’est plus qu’une ruine laissée à l’abandon tandis que Jurassic World (le nouveau parc, pour les deux du fond qui ne suivent pas) attire 20 000 personnes en moyenne quotidiennement. C’est dans ce cadre ultra-moderne et très sécurisé (en comparaison du tout premier parc notamment) que vont débarquer deux bambins. On apprend au bout de quelques minutes qu’ils sont là pour passer tout le week-end dans le parc avec leur tante Claire (la fameuse responsable du parc). Souci : c’est une working girl qui ne pense à absolument rien d’autre qu’à son boulot. Elle va donc laisser les deux enfants en question en compagnie de l’une de ses employées, en imaginant qu’ils s’amuseront comme des petits fous, avec ou sans elle. Dit comme ça, n’y allons pas avec le dos de la cuillère, le film a l’air moisi. En tous les cas en ce qui concerne sa partie scénaristique. Mais c’était sans compter (décidément !) sur nos amis les dinosaures. Oui car, on oublie trop souvent de le préciser : les stars du film, ce sont eux ! A ce propos, vous serez sûrement ravis autant que moi d’apprendre que pas moins de 16 races différentes ont leur place dans le film : l’Ankylosaure, l’Apatosaure, l’horrible Dimorphodon, le Pteranodon ou encore le flippant Mosasaure, ils sont tous là !
Tout ce beau monde pourrait donc vivre un superbe week-end aux frais de tatie Claire (tatie Danielle était déjà prise ailleurs), si et seulement si les dirigeants du parc n’avaient pas décidé de concevoir une toute nouvelle espèce : l’Indominus Rex. Un mix d’ADN entre un T-Rex (forcément), des grenouilles, des rats, et probablement un peu de surimi (on nous dit que c’est top secret alors soyons imaginatifs !). S’en suivront des tonnes et des tonnes de scènes d’action parfaitement mises en scène. Les effets numériques sont d’une rare beauté et, mis à part quelques particules floues un poil gênantes sur les vélociraptors notamment, les bêbêtes sont à croquer (!). La scène finale (ou presque) est d’ailleurs tout bonnement impressionnante et le côté grand-spectacle hollywoodien fait que la mayonnaise prend à 200 %.

C’est d’ailleurs ce que l’on retiendra d’office quant à ce Jurassic World. Sans aucun doute moins bavard (et par extension moins réfléchi) que ses prédécesseurs, il assume pleinement son rôle de petit frère agité dans la chronologie. Divertissement complet et (presque) prenant du début à la fin, j’ai pour ma part trouvé l’expérience très agréable. A noter que dans mon cinéma, comme dans beaucoup d’autres, le film est proposé, au choix, en VF (2D ou 3D) ou en VOSTFR (2D ou 3D). Autant dire que chacun a des chances d’y trouver son compte. Un mot sur les musiques également, car si les nouvelles compositions collent parfaitement à l’ambiance, tantôt posées tantôt incroyablement stressantes, il faut bien avouer que ce sont surtout les anciens thèmes de monsieur John Williams (réorchestrés pour l’occasion) qui nous feront chavirer dans un élan de pure nostalgie façon crétacé. Avant de conclure, j’aimerais tout de même placer (sans mauvais jeu de mot) quelques lignes concernant l’aspect « placement de produit » tout juste flagrant dans ce quatrième volet de la franchise. Si au départ, cela a pu m’interpeller de voir du Samsung, du Pepsi, du Starbucks, ou encore du Margaritaville en gros plan, j’ai également vite compris le raisonnement. Certes, le placement de produit est réel, mais il est également très bien utilisé, car Jurassic World est aussi et surtout une critique un brin satirique de notre société. N’allez pas y voir de la philosophie de comptoir, attention ! Je tiens juste à rappeler les faits : les principaux protagonistes du film sont sans cesse critiqués pour avoir fait de ce parc un endroit vide de sens, où les créatures sont artificielles, et où le profit est le seul maître à bord. Sans sponsor, pas d’actionnaires, sans actionnaires, pas d’attractions. Ce qui est terriblement vrai pour le parc l’est tout autant dans la réalité. Voilà donc une manière des plus intelligentes de placer quelques trademarks de-ci de-là sans que cela ne vienne à aucun moment gâcher le déroulement du film.

Vous l’aurez compris, Jurassic World est clairement une excellente surprise. Là où on pourra lui reprocher son aspect blockbuster à outrance et ses clichés assez pesants sur le long terme (sans parler du côté pseudo débilo-romantique à deux balles), nul doute que monsieur Colin Trevorrow a assuré la réalisation avec brio. Ce n’est pas du Steven Spielberg, et nous les fans en sommes les premiers attristés, mais avouons que, dans son registre, ce quatrième opus envoie du pâté ! Les effets numériques sont, pour la plupart, saisissants, tandis qu’on en prend plein les yeux et les oreilles durant 2 heures sans voir le temps passer. J’ai en revanche tendance à préférer les animatroniques des anciens volets, car paradoxalement, je trouve les dinos de 1993 plus crédibles. Qu’à cela ne tienne, et quand bien même l’aspect scénaristique de l’ensemble affiche un niveau tout de même bien moins captivant que celui de ses grands frères, Jurassic World est une réussite. Pas toujours adroit dans son approche, pas toujours crédible, il n’en reste pas moins que l’on passe un superbe moment de cinéma devant cette nouvelle itération somme toute plus moderne que ce que l’on avait vu jusqu’ici. Les fans de dinos en auront pour leur argent, les cinéphiles underground aussi, espérons simplement que, si suite il y a, cette dernière sera plus axée sur le scénario, et moins sur les vannes moisies de monsieur Pratt, tombeur de ces dames. C’est dit. Et TOC !
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