Le chapeau d’un article est, la plupart du temps, primordial. Je le sais, vous le savez, nous le savons. Pourtant, il existe des situations lors desquelles toute introduction, toute fioriture, semble inutile, inadaptée même. C’est pourquoi, partant du principe que tous les chemins mènent à Rome, je m’en vais dès maintenant vous conter l’histoire d’un jeune homme tombé en amour pour une musique, une sonorité, une aura des plus envoûtantes. Récit.
Je vous le disais il y a un peu plus d’un mois maintenant, les gentils messieurs de chez Square Enix préparaient depuis quelques temps un projet nommé NieR Piano Collections. Comme son nom l’indique (à condition d’avoir connu le jeu NieR et/ou sa bande-son originelle), ce dernier tentait le pari (risqué mais fort intéressant) de reprendre les morceaux originaux les plus emblématiques du double-album de l’époque (cf. article précédent) et de les « transformer » en pistes instrumentales jouées au piano. Intéressant, dans le sens où les chants d’Emi Evans mais également les chants lyriques, contribuaient beaucoup à l’ambiance de base. Dès lors, il y avait de quoi s’interroger sur le résultat de la « transformation », et plus encore, sur les véritables raisons d’un tel projet, plus de deux ans après la sortie du jeu et de son OST (Original SoundTrack).
Sorti le 21 mars 2012 au Japon, j’ai reçu, pour ma part, mon exemplaire à peine 6 jours plus tard (chapeau à Play-Asia pour le coup). Des visuels, me direz-vous. « On veut voir à quoi ressemble la bête! ». Aussitôt dit, aussitôt fait, chers lecteurs :
Vous l’aurez sans doute remarqué, la première chose qui choque (et qui fâche) est le nombre de pistes (cf. Photo numéro 2). A peine 11 titres, c’est peu (on est bien loin des 43 pistes de la bande-son originelle). A plus forte raison lorsque l’on paye le sésame une trentaine d’euros. Enfin, quand on aime on ne compte pas, paraît-il?! Et puis, 11 pistes, si elles sont excellentes, cela peut aussi être un gage de qualité. Pour ne rien vous cacher, seul l’avant-dernier morceau m’a déplu assez clairement (« The Wretched Automatons« ). L’ultime piste, elle, m’a laissé un goût un peu moins amer mais dénote tout de même sévèrement avec le reste de l’oeuvre, de par son côté quelque peu jazzy, pas toujours du meilleur goût (« Ashes of Dreams« ). D’ailleurs, il est assez drôle de noter que ces deux morceaux sont les seuls de l’album à avoir été composés par des artistes tiers (respectivement Ryuichi Takada et Yuri Misumi). Le reste du projet étant entièrement réalisé par Keigo Hoashi et Kumi Tanioka.
Non, s’il y a des morceaux de choix à sélectionner sur cet album, ce seront sans aucun doute « Snow in Summer« , déjà sublime dans sa version d’origine, mais touchant ici à la perfection. « Repose« , également, de par sa justesse constante et sa courte durée. En effet, ce petit bijou ne dépassant pas les 3 minutes, j’ai comme l’impression qu’il n’en fallait pas plus pour nous séduire de nouveau.
Enfin, et même si les incontournables ne manquent pas sur cet excellent cru, sachez que les titres « Emil » et « Kainé » ont réussi à eux seuls à faire de moi un homme happé par un autre monde. Amoureux, sans aucun doute possible, plongé à 20 000 lieues au-dessus des étoiles. Contemplant d’un oeil amusé ce qu’il reste de tout ce que l’on a construit pendant des siècles.
Lorsque la musique est telle qu’on aimerait se réincarner en clé de sol, lorsque les notes vous emportent, oubliant par là même votre classe sociale ou votre origine ethnique, on peut décemment dire que le pari est réussi. Que Keigo Hoashi et Kumi Tanioka ont orchestré une oeuvre touchante, impensable même. A l’heure où je pianotte ce texte sur mon clavier d’ordinateur, NieR Piano Collections tourne en boucle derrière moi. Et je me demande, un peu naïf, si ce chef-d’oeuvre a un rapport avec les goutelettes d’eau salées qui ruissellent le long de mes joues…