
Le nouveau bébé de chez iD Software aura décidément fait parler de lui. Diffusion de trailers à n’en plus finir, matraquage médiatique de masse, problèmes techniques liés directement au développement… Bref, 7 ans après le dernier coup de génie des développeurs (Doom 3 en 2004), Rage réussit-il à rivaliser avec la concurrence, qui s’annonce plus féroce que jamais ? Plutôt jeu de l’année ou, au contraire, navet intersidéral ? Réponse entre ces lignes.
Si de nos jours, on a coutume d’appeler les jeux de tir des FPS (First Person Shooter), il fût un temps, pas si lointain, où on parlait plutôt de Doom-Like ou de Quake-Like. Pourquoi ça ? Eh bien tout simplement parce que, en terme de tir pur et dur, Doom et Quake étaient (et sont toujours) des références absolues. Mais, au jour d’aujourd’hui, les choses sont différentes. En effet, perdu entre le FPS/RPG (Borderlands), le FPS Multi (MAG), ou encore le FPS Horrifique (FEAR, Bioshock), le Shooter dit basique (« Moi vois, moi tue ! ») est devenu aussi rare que du pétrole en Auvergne.
C’est donc dans ce contexte de crise qu’iD Software décide de revenir aux fondamentaux de la catégorie. Nous sommes en octobre 2011 et Rage, après avoir fait sa pub dans tous les médias possibles et imaginables (une version HD pour iPhone 4 et iPad étant même sortie en 2010 pour donner un avant-goût du jeu console), sort enfin dans toutes les bonnes boulangeries. Votre serviteur ici présent l’a donc analysé sous toutes ses coutures afin de vous en dire plus.
« Je savais que je pouvais compter sur vous ! »
Commençons par le commencement. 4 modes de difficulté vous sont proposés, à savoir : Facile, Normal, Difficile, et Cauchemar. Les deux derniers étant bien plus intéressants pour les gamers de longue date. On démarre donc le solo, et là… L’introduction qui nous est présentée au début de la campagne est juste somptueuse. Une cinématique de toute beauté qui nous rappelle que l’on est devant un jeu à gros budget. S’en suit une cut-scene, puis une autre, tout ça pour vous amener très tôt dans le vif du sujet. Et qu’en est-il, justement ? C’est très simple, vous vous réveillez à l’intérieur d’un caisson (genre Pandorum ou Futurama) qui, lui-même, se trouve à l’intérieur d’une Arche. Le problème c’est que vous êtes restés là de très (trop) nombreuses années. Le monde que vous avez connu n’est plus, et a laissé place à un Wasteland peuplé de vermines en tous genres. Mais nommons-les, voulez-vous ? Vous ferez face aux Bandits, donc, aux Mutants, aux Chacals, aux Mécas, et aux Soldats de l’Autorité. Oui c’est peu. Très peu, même. Et autant le dire tout de suite, le nombre d’ennemis est proportionnel au nombre de lieux. Une quinzaine de lieux en tout et pour tout, comprenant deux villes à peine (Wellspring et Metro-City). Oui, le semi-Open World vendu par iD Software n’est qu’un leurre. Nous sommes bel et bien en présence d’un jeu de tir couloir, et totalement dirigiste. Cela dit, le développeur souhaitant rendre hommage aux jeux de tir d’antan, la démarche n’est pas forcément mauvaise en soi.

Non, là où le bât blesse, c’est que le jeu ne propose « que » ça. Alors, évidemment, on peut bien se « balader » en buggy, mais force est de constater qu’il ne vous faudra pas plus de 30 minutes pour faire le tour de la carte. Libre à vous, donc, de privilégier les quêtes annexes, afin de rallonger un tant soit peu la durée de vie, au final assez médiocre, du titre. A noter qu’un mode multi online est présent, mais qu’il ne vous tiendra pas forcément autant en haleine que ce que vous espériez. A l’inverse, le multi offline (à deux en écran splitté) est, de son côté, assez plaisant et l’on se surprend vite à fragger à tout va, accompagné de notre compagnon de galère préféré. En outre, il est utile de noter que ce dernier mode de jeu est composé de 9 missions totalement indépendantes de la campagne solo. Bonne pioche !
Pourquoi est-ce un bon point ? Eh bien tout simplement parce que le mode 1 Player aura tôt fait de vous lasser, voire de vous endormir. En effet, on ne peut pas vraiment dire que Rage fasse dans l’originalité. Un univers post-apocaplyptique, une Arche, des Bandits, des Buggys, des passages sous-terrains, et par-dessus tout, une milice armée des plus futuristes… Que tous ceux à qui ceci n’évoque absolument rien lèvent la main ! Plus sérieusement, on a du mal à imaginer comment iD Software, et à plus forte raison, Bethesda, a pu se convaincre que la pilule passerait sans souci auprès des gamers, sur le simple fait que le nom du développeur soit sur la jaquette, synonyme apparemment, et indubitablement, de qualité. Il suffit, d’ailleurs, de finir le jeu pour se rendre compte que toute la conclusion n’est qu’une vaste blague. Manque de temps ou d’argent, messieurs les développeurs ? Après avoir joué la dernière mission, et admiré la cinématique ultime (celle-ci durant, en tout et pour tout, 8 secondes), on aura tendance à rager quelque peu contre le manque de soin apporté à l’ensemble. La déception n’en sera que plus grande…

A côté de ça, ne crachons pas dans la soupe et ne manquons pas d’évoquer le cas de l’IA, qui s’en sort très très bien, il faut le dire. Dans les modes de difficulté les plus élevés, vous aurez parfois fort à faire lorsque, en quelques secondes, vous vous retrouverez encerclés par une bonne quinzaine de protagonistes ne cherchant qu’à vous fracasser le crâne. Réjouissant programme, n’est-ce pas ? Il sera également sympathique d’admirer les animations et autres expressions, respectivement réalistes et crues, donnant un goût abject à l’expérience. Charmant ! A noter que, contrairement à ce que l’on aurait pu attendre d’un Shooter Old-School, votre santé se régénèrera automatiquement pour peu que vous vous éloigniez des combats. On aimera ou pas, mais il était utile de le préciser.
Enfin -et je me rends compte que c’était également le cas, cette année, de Deus Ex : Human Revolution, L.A Noire, et Dark Souls, entre autres-, le plus gros point positif de ce fameux Rage, vous vous en doutez, c’est son ambiance. Alors, oui, si comme moi, vous connaissez Fallout 3 et Borderlands par cœur, il y a de fortes chances pour que le mot « réchauffé » vous vienne à l’esprit des tonnes de fois. Et vous aurez raison. Mais paradoxalement, avouons que le Post-Apo’, bien que redondant (messieurs les développeurs, pour vos prochains jeux, pitié, changez d’univers, merci !), possède des atouts indéniables pour peu que son créateur possède le savoir-faire suffisant pour y apposer sa patte. C’est le cas ici, et c’est, sans aucun doute possible, ce qui donne un petit côté attachant au soft, et qui, accessoirement, l’empêche de tomber dans la catégorie des jeux à oublier.
« On n’aime pas trop les étrangers par ici ! »
Quoiqu’il en soit, il ne me reste plus qu’à vous parler des graphismes du soft. Et c’est sans aucun doute sur ce point que les avis seront les plus partagés. En effet, s’il est indéniable qu’artistiquement les petits Texans ont bien bossé leur sujet, on ne peut qu’être dubitatif face à ce résultat en demi-teinte. Il ne sera pas rare de rester bouche bée devant tel ou tel décor, façon Grand Canyon subissant des effets de lumière ravageurs… Malheureusement, on croisera également très souvent des textures ultra-baveuses, dignes d’un fichier Paint ou d’un jeu PSP encore en bêta-test. Passable en extérieur, flagrant en intérieur. Pour un jeu sorti en octobre 2011, c’est dur, très dur ! Et que l’on ne me rabache pas la sempiternelle excuse du développement chaotique auquel on peut aisément rajouter le poids des années. Dans 70 % des situations que le jeu nous réserve, on le trouvera moche. C’est un fait.
Alors, doit-on conseiller l’achat d’un tel soft ? Et si oui, à qui le conseiller ? Au gamer acharné qui connaît déjà tous les Easter Eggs des Doom, et qui fait encore de temps à autres des LAN sur Quake II ? En toute honnêteté, je doute que Rage lui plaise, de par son côté « j’ai voulu faire moderne en restant old-scool et du coup je suis moyen ! ». Mais c’est sans compter les joueurs qui idolâtrent le développeur, corps et âme depuis les années 1990. Qui sait ? C’est peut-être sur ces derniers qu’iD Software compte pour renflouer les caisses ? A moins que ce ne soit un jeu destiné au public occasionnel, qui en a tout simplement ras-le-bol des Call of Duty et consorts, et à qui un brin d’Open-World sur fond de Post-Apo’ fera le plus grand bien ? Hmmm… Je serais plutôt tenté de dire que Rage se destine à un panel de gens situé entre ces deux communautés. Le résultat étant facilement qualifiable de « mi-figue mi-raisin », il me semble parfaitement clair que c’est à un public du même acabit que le titre plaira. Disponible à moins de 50 € dans toutes les bonnes boulangeries, il ne tient qu’à vous de savoir si vous êtes fait pour ce genre de soft. Celui à qui il manque tout un tas de petites choses pour marquer son époque. Si tant est que cette dernière ne soit pas révolue. Mais ça, c’est une toute autre histoire…

Rage porte au final bien son nom. En effet, il a le don de procurer aux joueurs un sentiment bien particulier. Comprenez par là que, si nous ne tenons pas là le jeu de l’année, il n’en reste pas moins sympathique à parcourir. Pourtant, on ne peut s’empêcher de pester contre une réalisation datée, des mécaniques simplistes, et au final crier au scandale (ou presque), lorsque, après tant de publicité, le soft ne s’apparente finalement qu’à un FPS dirigiste aux ressemblances multiples (et fâcheuses) avec plusieurs de ses congénères. Là où certains verront un jeu incontournable, à l’ambiance malsaine, et à l’humour noir, d’autres ne verront qu’un jeu de tir venu du passé, perdu quelque part entre les mastodontes d’aujourd’hui et les classiques datant d’il y a 20 ans. Et vous ?
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