Il y a 57 ans, le 3 novembre 1957, Laïka est devenue le premier être vivant à voyager dans l’Espace. Elle a été envoyée par l’URSS à bord de l’engin spatial Spoutnik 2, un mois à peine après le lancement du premier satellite artificiel Spoutnik 1. Vous ne voyez pas le rapport avec l’article sur lequel vous aviez cliqué ? Et pourtant…
Le studio Laïka (eh oui !) est en effet la maison de production à qui l’on doit notamment L’Étrange pouvoir de Norman, ou encore le chef d’oeuvre qu’est Coraline (du même réalisateur que L’Étrange Noël de Mr Jack). Au bord de la faillite il y a encore quelques mois, le studio américain a su, entre temps, redresser la barre et nous revient même aujourd’hui avec un nouveau film. Les Boxtrolls, puisque c’est son nom, sortira en salles françaises le mercredi 15 octobre. Ayant eu pour ma part la chance de le voir au mois de septembre, j’aimerais partager avec vous mon avis sur la question. Et si j’ai comme qui dirait pris mon temps pour écrire ce billet, soyez assurés que les jours passant n’ont en rien affecté mon jugement quant à ce film.
Les Boxtrolls nous conte l’histoire d’un garçon répondant au nom de Oeuf. Ce dernier est un humain tout ce qu’il y a de plus banal, au détail près qu’il vit dans les égouts auprès des Boxtrolls. Ceux-ci sont des espèces de petites bestioles, un peu dégoutantes, et ne parlant pas notre langue. Pourtant, si l’on fait fi de leur apparence peu ragoutante, il faut bien avouer qu’ils n’ont pas vraiment des têtes de gangsters, ou encore de monstres carnivores. Leur particularité la plus singulière (en plus d’être habillés par des boîtes en carton, comme le titre du film vous l’aura indiqué) est probablement le fait qu’ils passent leurs nuits à sortir des égouts pour aller fouiller les poubelles du « monde d’en haut ».
Le monde des humains « normaux », vous l’aurez compris, pense au contraire que les Boxtrolls sont des créatures hideuses dont il faut se débarrasser avant qu’elles ne dévorent tout le monde dans un bain de sang Tarantinesque… La réalité est bien évidemment tout autre, mais vous connaissez la race Humaine aussi bien que moi, quand elle a une idée derrière la tête, difficile de l’en dissuader. Au sommet de Cheesebridge (traduisez par Pont-au-Fromage), la ville où se déroule le film, on trouve les Chapeaux Blancs. Ceux-ci ont pour mission de veiller sur la ville, tandis qu’ils dégustent les plus exquis (et les plus puants) fromages de la région.
Porter l’un de ces fameux couvre-chefs est un privilège réservé à la haute société et c’est bien ce qui pose problème à Archibald Trappenard. Ce dernier est en effet le dératiseur de la ville et entend bien exterminer jusqu’au dernier Boxtroll. En effet, il n’a pas le rang social nécessaire pour espérer porter un Chapeau Blanc aussi facilement. Lord Belle-Raclette, le maire de Cheesebridge, décide donc qu’il lui accordera cet honneur quand tous les Boxtrolls auront disparu du territoire. Pour se faire, le méchant du film, puisque c’est son rôle, s’entourera de 3 acolytes portant les charmants patronymes de Monsieur Truffe, Monsieur Poireau, et Monsieur Gratton.
Autant vous le dire tout de suite, ce sont ces 4 énergumènes qui vous feront rire aux éclats durant tout le film. Mention spéciale, d’ailleurs, à Archibald Trappenard dont le doublage français est assuré de main de maître par l’acteur Michel Vuillermoz. J’ai rarement été bluffé à ce point dans un film d’animation tant le dératiseur prend vie grâce à un travail vocal hallucinant de réalisme. Pour être honnête, seul le doublage de Winnie (la fille de Lord Belle-Raclette qui va venir en aide à Oeuf un peu plus tard dans le film) est assez mauvais. Sa voix sonne faux et dénote clairement avec les autres acteurs, autrement plus talentueux.
Il est à noter que la projection à laquelle j’ai assisté était en 3D. Je ne suis habituellement pas très friand de ce genre d’ajout visuel (qui tient plus de l’ordre du gadget, généralement), mais force est de constater que le tout se mariait ici plutôt bien. Toutefois, n’allez pas vous imaginer des effets de profondeur de folie. Nous en sommes ici très loin. Là où la technique du long-métrage impressionne, en revanche, c’est du côté de la réalisation. Car au cas où vous n’auriez jamais vu Coraline (par exemple), sachez que Les Boxtrolls fonctionne exactement de la même manière, à savoir en stop-motion.
Le résultat final inspire le plus grand respect et si vous êtes amateurs de chiffres, sachez notamment que durant le tournage il fallait une semaine aux réalisateurs pour tourner environ 3 secondes du film. Le studio a même engagé 4 vrais paysagistes afin de leur confier la construction des 79 plateaux nécessaires aux 26 décors que l’on peut voir dans Les Boxtrolls. Quand on sait que le long-métrage en question ne dure « que » 97 minutes, c’est évidemment un immense chapeau que je tire à toute l’équipe technique.
Pour l’anecdote, sachez que le film est sorti à la fin du mois de septembre aux États-Unis et qu’il a totalisé plus de 17 millions de dollars de recettes dès le premier jour. On souhaite donc au film de connaître le même succès une fois qu’il aura foulé les salles françaises. De mon avis, cela plaira aux enfants, c’est certain, mais pas seulement. Car si le tout peut paraître un peu basique (notamment parce qu’on y croise des gentils voulant échapper aux méchants dans un contexte très « naïf »), le film évoque également les notions d’amitié, de repli sur soi, voire même de mort lors de certaines scènes. Les dialogues font eux aussi en sorte de plaire autant aux adultes qu’aux bambins. A plusieurs reprises, je me suis même entendu penser : « Là c’est peut-être un peu glauque pour les gosses, non ? ». Souvenez-vous de Coraline et vous comprendrez de quoi je veux parler…
Enfin, et comme vous vous en doutiez probablement, les Boxtrolls sont des personnages qui existaient déjà en version papier grâce à l’auteur et dessinateur anglais Alan Snow. Cela n’étonne plus personne, j’en conviens. Il est juste regrettable d’apprendre systématiquement que tel ou tel film n’est au final qu’une « simple » adaptation animée d’une oeuvre existant en librairie. Le prochain film dont je m’apprête à vous parler sur ce blog est d’ailleurs victime du même syndrome…
Vous l’aurez compris, que vous soyez accompagnés de vos enfants ou non (j’y suis allé seul pour ma part), Les Boxtrolls est un film d’animation qui vaut le déplacement. Réalisé de fort belle manière par un studio de passionnés, jouissant d’une intrigue très bien ficelée (et loin d’être aussi nunuche qu’on pourrait le croire), ainsi que d’un humour qui fait mouche (mention spéciale pour la scène hilarante dans laquelle Oeuf rencontre les gens de la Haute), le nouveau bébé de ces perfectionnistes américains a tout pour plaire. Le doublage français (à l’exception de celui de Winnie, comme précisé plus haut) finira de vous convaincre tant il est réussi du début à la fin. L’ambiance qui y règne pouvant s’apparenter à un mix entre Burton et Oliver Twist, je vous laisse imaginer ce qui vous attend à Cheesebridge. En voilà un projet qui ne pue pas la défaite !