20 ans. C’est le temps qu’il aura fallu attendre pour voir débarquer la suite de Dumb & Dumber au cinéma. Film culte par excellence, ce premier volet avait su marquer toute une génération de spectateurs. Portée par les talentueux Jim Carrey et Jeff Daniels, cette comédie des frères Farrelly reste encore aujourd’hui un classique de l’humour potache américain. Dumb & Dumber De réussit-il le pari risqué de faire mieux que l’original ? Elle sait dire « Elle est belle, Pistache » ? Verdict.
Vous le savez aussi bien que moi si vous êtes fan de l’acteur canadien, Jim Carrey déteste les suites. Vérifiez sa filmographie et vous remarquerez qu’il n’en existe qu’une seule : Ace Ventura en Afrique (le second volet des aventures du détective animalier, qui date tout de même de 1995). Il paraissait donc impensable de voir arriver en salles un second opus des mésaventures de Lloyd et Harry. Pourtant, après moult négociations au sommet, Dumb & Dumber De est bel et bien réel. Réalisé encore une fois par les frères Farrelly (Mary à tout prix, Fous d’Irène, L’amour extra-large), ce deuxième épisode avait forcément de quoi inquiéter les fans, moi y compris. En effet, il n’est pas rare de voir des suites se planter lamentablement, n’arrivant pas à égaler le projet original, à plus forte raison quand il s’est écoulé deux décennies entre les deux longs-métrages (Les Inconnus en ont d’ailleurs fait les frais cette année).
Pourtant, force est de constater que Dumb & Dumber De est une réussite. Certes, autant vous l’avouer maintenant, il n’arrive pas à la cheville du premier volet. Mais ne le rangez pas pour autant dans les films de 2014 à oublier (Interstellar prend déjà toute la place, de toute façon), car les deux abrutis les plus célèbres du cinéma américain ont plus d’un tour dans leur sac pour vous faire passer un bon moment.
Il est assez aisé de se dire que pour réaliser cette suite, les frères Farrelly avaient le choix entre deux écoles. Soit ils se basaient exactement sur la même recette qu’en 1994, au risque de paraître sacrément potache auprès des « nouveaux » spectateurs. Soit ils modernisaient le tout et prenaient le risque de décevoir des millions de fans à travers le monde. Au final, on peut plus ou moins dire que les deux styles ont été réunis. En effet, les gags sont omniprésents et feront grincer des dents les détracteurs de l’humour pipi-caca des frangins metteurs en scène. On rigole énormément (à condition d’être fan, évidemment), et ce, tout au long du film. Pourtant, après avoir quitté la salle, je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir un petit sentiment de frustration. Comme si j’avais espéré « encore plus trash« . Je ne saurais dire si c’est la nostalgie qui parle pour moi, mais j’ai bel et bien l’impression que Dumb & Dumber premier du nom allait plus loin dans le grand-guignolesque.
Paradoxalement, certains gags de ce Dumb & Dumber De sont tout de même bien plus borderline que dans l’original (la scène de la maison de retraite devrait en faire vomir plus d’un). Autant dire que le Blu-Ray devrait nous rassasier en scènes coupées et autres joyeusetés habituelles. On l’espère en tout cas. Avant de continuer je tiens tout de même à préciser (pour ceux qui n’auraient pas lu le titre de cet article) que j’ai, pour ce film, assisté à une projection en version française.
Loin de moi l’idée de dénigrer la version originale. Mais non seulement le doublage français était le seul à être proposé, mais aussi et surtout je tenais absolument à réentendre les excellents Emmanuel Curtil et Dominique Collignon-Maurin (respectivement les voix françaises de Jim Carrey et Jeff Daniels). Arriveraient-ils à incarner aussi bien que dans le temps les déjantés Lloyd Christmas et Harry Dunne ?
La réponse à cette question est claire et limpide : OUI ! La VF est excellente, du même acabit que toutes ces comédies légères des années 1990. Bien sûr, la traduction n’est, elle, pas irréprochable, loin de là (Lloyd Christmas devient par exemple Lloyd Noël, alors que son nom anglais avait été choisi pour la VF du premier Dumb & Dumber). Certains termes ont également été remplacés entre la diffusion du trailer et la sortie du film (comme c’est malheureusement trop souvent le cas). Mais les gens ayant aimé la version dite parisienne du premier volet ne seront pas dépaysés le moins du monde. En revanche, puisqu’on en est à parler sonorités, force est de constater que la partie musicale du film est à ranger dans la case des défauts. Loin d’être mauvaise, la bande-son de ce Dumb & Dumber De est tout simplement trop en retrait. Beaucoup trop ! Un ou deux morceaux plus atypiques que les autres sont à noter, mais rien qui ne soit à la hauteur du projet de l’époque. Beaucoup de scènes auraient d’ailleurs, selon moi, gagné en punch (voire en rires) si elles avaient été accompagnées de sons adéquats. Pire, on retrouvera ici certains morceaux « mainstream » actuels dignes de NRJ et Virgin Radio. On a entendu mieux…
Concernant l’intrigue (même si c’est un bien grand mot dans le cas présent), allons à l’essentiel car je n’aurais pas envie de vous spoiler quoique ce soit (même si le trailer l’a sûrement déjà fait, malheureusement). Harry et Lloyd se « retrouvent » après 20 ans sans s’être réellement vus entre temps et on peut dire que ça commence fort. En effet, Harry apprend qu’il va être papa, ou plutôt qu’il l’est déjà depuis 1991. Les deux compères vont donc se mettre en tête de retrouver l’enfant (qui n’est plus vraiment un bambin, on s’en doute). Comme à l’accoutumée, la route s’annonce longue au vu des bourdes commises par les deux amis et de leurs capacités intellectuelle, disons… limitées.
C’est en cela que cette suite plaira ou ne plaira pas. En effet, on ne pourra dès lors s’empêcher de faire le parallèle entre les deux films à chaque scène (ou presque). Oui car au jeu des points communs flagrants, les frères Farrelly ont fait fort. Jugez plutôt. Que ce soit en 1994 ou en 2014, Lloyd et Harry traversent le pays en véhicule pour retrouver quelqu’un. Dans les deux cas, un « colis » (cf. la mallette dans l’original) voyage avec eux. Dans le même ordre d’idée, l’associé du méchant essaye de les tuer (souvenez-vous de la mort au rat) avant que les deux débiles n’arrivent à destination. Les réalisateurs sont même allés jusqu’à recycler certains gags : le coup du spray buccal de Lloyd, des filles qu’ils ont eu « en commun » durant l’adolescence, les « rêveries » des deux personnages, la présence de la voiture-chien, ou encore la scène finale du premier volet (mettant en scène le bus rempli de filles en bikini) revue et corrigée différemment ici, mais qui lui reste tout de même très semblable.
Alors, fan-service ou fainéantise ? Bonne question. Je pencherais personnellement pour la première solution, d’autant que certains personnages de Dumb & Dumber refont ici une apparition plus ou moins marquante (n’insistez pas, j’ai dit que je ne spoilerai rien). On retrouve également sans souci la patte Farrelly avec bien sûr leur mise en avant de l’état de Rhode Island, ou encore de certains acteurs (même monsieur le coiffeur de Fous d’Irène est parmi nous). Vous aurez également droit à une boutade surprise à la toute fin du générique. Je suis d’ailleurs la seule personne dans la salle à l’avoir vu. On ne le dira pourtant jamais assez : dans ce genre de films, il y a toujours quelque chose de planqué en fin de bobine !
Vous l’aurez compris, malgré une bande-son inefficace et un sens du recyclage que certains qualifieront de douteux, Dumb & Dumber To est bel et bien la digne suite de son prédécesseur. Des gags comme s’il en pleuvait, une VF au poil (en attendant, pour ma part, de pouvoir le visionner en VOST), et une mise en scène très 90’s. Voilà ce qui vous attend si vous désirez tenter l’expérience. Jeff Daniels et Jim Carrey nous font hurler de rire pendant 109 minutes et font par là même passer les personnages secondaires au troisième plan (comme c’était déjà le cas en 1994). Malgré, donc, un manque de punch (voire même de renouveau) assez évident, ce deuxième volet vaut largement le détour, ne serait-ce que pour y apprécier le décolleté d’Adele Pinchelow, personnage incarné par la sublime Laurie Holden (Silent Hill, The Walking Dead). En bref, que les amoureux d’humour fin et classe s’abstiennent, Lloyd et Harry reviennent, et ça sent le pet foireux ! Croyez-le ou non, c’est ici un compliment. Vous voilà prévenus.