Mars 2024. Alors que la planète entière semble vivre au rythme de séries aussi insipides sur le fond que spectaculaires sur la forme (dragons, combats spatiaux, invasion de zombies…), la plateforme américaine Apple TV+ signe, une fois encore, un véritable coup de génie en maniant le pied de nez à la perfection. « Les aventures imaginaires de Dick Turpin » est un show proposé en 6 épisodes (d’une trentaine de minutes chacun), et maintenant que l’intégralité a été diffusée, je me vois donc dans l’obligation de vous en parler. Question de vie ou de mort. Stand and Deliver!

Ai-je réellement besoin d’ajouter une légende… ?

Ce n’est un secret pour personne, la plateforme à la pomme n’a nullement l’intention de concurrencer qui que ce soit en ce qui concerne le nombre de contenus qu’elle propose. Nonobstant, si vous êtes de ceux qui croient en l’adage qui veut que la qualité l’emporte sur la quantité, alors vous êtes au bon endroit. Après Ted Lasso, Severance, The Afterparty, Black Bird, Silo ou encore Slow Horses, Apple revient en effet à l’un des genres les plus prisés de par le monde : la comédie britannique.

Alors, en attendant le deuxième volet de la désormais culte Bad Sisters, et bien que Brassic (dont les 5 saisons sont disponibles sur Canal+) soit devenue aisément la référence en la matière, tout cela n’en demeure pas moins très « moderne ». Quid des séries en costumes d’époque ? Reste donc l’incroyable The Great, certes (portée par Elle Fanning et Nicholas Hoult), mais nous savons désormais que sa saison 4 a été purement et simplement annulée par Hulu. Est-ce un signe du destin ? Nous ne le saurons jamais. Toujours est-il que Dick Turpin vient, lui, de frapper un grand coup, et que l’annonce d’une saison 2 ne déplairait pas à grand monde. Explications.

Honesty, Moose et Nell, les collègues de Dick

Bienvenue au village d’Hempstead (dans la campagne anglaise), et ce au beau milieu du 18ème siècle. Pillages, pendaisons et autres bagarres à la taverne du coin sont le lot quotidien de ce trou paumé entre deux forêts. Et alors que les habitants donneraient tout pour en sortir, de son côté Dick Turpin n’aspire qu’à une chose : devenir le plus légendaire voleur de grand chemin de tous les temps. Pas évident quand on est « simplement » le fils du boucher local, en plus d’être végan (pour ne rien arranger à la situation).

Mais comme Eric Cartman le dit si bien : « Il faut suivre vos rêves ». Notre héros va donc rapidement devenir un bandit, oui, mais bien malgré lui. S’en suivront, vous vous en doutez, toutes sortes de mésaventures, mettant autant en avant le personnage principal que ses trois acolytes totalement perchés (Moose le timide, Honesty le bourrin, et Nell la… mystérieuse), sans oublier Craig, le magicien (raté) local, la petite Karen qui n’a rien à faire là, ou encore… roulement de tambours… quelques méchants pas beaux, pour ajouter un peu d’enjeu à cette fable insensée.

Besoins de sorts inutiles ? Appelez Craig !

Comme dans tout programme so british, on notera de prime abord le jeu d’acteur du casting, de façon générale. Un sans faute absolu, notamment concernant Noel Fielding, cela va sans dire. Connu pour des oeuvres telles que The Mighty Boosh ou encore The IT Crowd, le londonien de 51 ans (!) apporte à la série le « panache », ainsi que le zeste d’humour aussi noir qu’absurde, dont on avait tant besoin. Quelle formidable surprise, également, de découvrir la présence de l’acteur Hugh Bonneville, lui qui incarnait si brillamment le comte Robert Crawley dans le chef d’oeuvre Downton Abbey de Julian Fellowes.

Car il faut bien le dire, si Les aventures imaginaires de Dick Turpin est une série qui fait mouche (en seulement 6 épisodes, rappelons-le !), c’est bien grâce à son humour. Vous reprendrez bien un peu d’absurde, ma bonne dame ? À la bonne heure, car c’est tout ce qu’il y a au menu, du début à la fin du show. Amateurs de la troupe des Monty Python et de La Vipère Noire (le show médieval de Rowan Atkinson paru un peu moins de 10 ans avant Mr Bean), vous n’avez pas idée à quel point la série exclusive à la plateforme d’Apple risque de vous plaire.

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Sur un plan purement visuel, si l’oeuvre réalisée par Ben Palmer (The Inbetweeners, Man Up) profite d’une 4K et d’un piqué rarement pris en défaut, j’avoue avoir eu beaucoup plus de mal à adhérer à l’esthétique générale du show. Il est fort dommage de constater autant de teintes jaunâtres à l’écran, et plus généralement le choix d’une colorimétrie qui ne fait définitivement pas honneur à la mise en scène (et aux effets spéciaux), pourtant du plus bel effet (mention spéciale à la sorcière et aux fantômes, vraiment superbes). Pour autant, et j’imagine que vous vous en doutiez très fortement, c’est bel et bien du côté de la bande-son qu’il va falloir se tourner pour profiter pleinement des qualités de cette nouvelle oeuvre britannique millésimée 2024.

Cette affirmation concerne tout d’abord les musiques, impeccables, que l’on entend tout au long des épisodes (sans même parler du générique d’intro, et de celui de fin, absolument incontournables). Mais c’est tout aussi vrai s’agissant des pistes vocales. Et si la VF a été dirigée par mon ami Christophe Lemoine, et portée par le génial Adrien Antoine (Archer, Superman, Batman…), n’y allons pas par quatre chemins : c’est définitivement en VO que la série prend toute sa saveur. Que ce soit en termes de voix, d’acting, mais aussi et surtout de blagues (je vous rappelle que le héros s’appelle Dick…).

Qu’est-ce que vous faites encore là ?

Les aventures imaginaires de Dick Turpin (dont le titre original est The Completely Made-Up Adventures of Dick Turpin) est une surprise incroyablement bonne. Loin des séries TV habituelles, et de l’ambiance si lisse et froide qui règne en maître depuis quelques années maintenant, Big Talk Studios se dote d’un véritable délice, pour quiconque apprécie ce genre d’écriture et de périples pour le moins absurde. Rendez-vous prochainement (espérons-le !) pour une saison 2.

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