
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les jeux vidéo développés par le studio sud-africain Free Lives ne font pas l’unanimité. Leur premier bébé (Broforce, 2015) a toujours eu beaucoup de mal à trouver son public ; leur dernier jeu en date (GORN, 2020) n’a convaincu qu’une faible niche de joueurs VR ; tandis que leur second essai (Genital Jousting, 2018) s’est révélé être l’un des projets les plus gênants qui soit, nous faisant jouer des pénis dont l’objectif… était d’entrer dans des anus…
Toutefois, pour leur quatrième tentative, baptisée Anger Foot, les programmeurs basés à Cape Town ont eu une autre idée. Celle de réaliser un FPS rapide et nerveux (façon Mullet Mad Jack), inspiré des sempiternels Hotline Miami et consorts. J’ai pour ma part été invité, par l’éditeur Devolver Digital, à essayer la version finale de la bête avec pas mal d’avance, puisqu’il s’avère que le projet sera rendu public en version 1.0 le 11 juillet prochain. Une preview aux allures de test donc, et c’est tant mieux, car cela me permet de vous mettre en garde suffisamment en amont… Laissez-moi m’expliquer.

Petite précision d’usage avant d’entrer dans le vif du sujet : cette session a été réalisée sur un très gros PC de chez Razer, et ce intégralement en anglais. Aucune traduction française (ni aucune version console) ne semble d’ailleurs être à l’ordre du jour. Ceci étant dit, il me semble important de préciser que l’optimisation technique du projet semble encore manquer de beaucoup de polish. Les baisses de framerate sont monnaie courante, et ce que vous choisissiez de jouer en 60 ou en 120fps. Étrange, surtout que le jeu ne semble pas le moins du monde être gourmand en termes de ressources.
C’est bien simple : hormis quelques effets de lumière (notamment la nuit, en pleine rue), Anger Foot est très vilain. Et là où le pixel-art des jeux Dennaton Games leur conférait un charme certain, ici on est plutôt sur du High on Life… mais sans le talent de Squanch Games. À ce propos, l’humour proposé (au travers des quelques cut-scenes) se veut ici terriblement malsain. On pense notamment à cet interlude, dans lequel nous devons nourrir notre petite amie (une horrible créature affublée d’un masque SM en latex) en lui donnant directement du pop-corn dans la bouche… à l’aide de notre pied. Amis de la poésie, bonne nuit !

De façon plus générale, l’esthétique d’Anger Foot n’est hélas pas le seul point à avoir été raté. Car si les « doublages » du bébé de Devolver ne dérangeront pas grand monde (ce ne sont que des onomatopées à la Animal Crossing), force est de constater que la partie musicale, elle, risque de faire péter les plombs à beaucoup de joueurs. À titre personnel, j’ai totalement coupé le volume au bout de quelques niveaux. La bande originale, à base de Hardtek assourdissante, est aussi répétitive qu’insupportable, tout simplement.
Le souci dans tout ça, c’est qu’il en va malheureusement de même concernant la jouabilité. En effet, manette en mains, le jeu de Free Lives s’avère être d’une redondance extrême, nous dirigeant très très rapidement vers un ennui des plus profonds. Comprenez par là que si la boucle de gameplay a déjà fait ses preuves dans d’autres jeux du genre (on enchaîne les niveaux façon speedrun, tout en dézinguant les ennemis, et en essayant de jouer de la façon la plus propre possible), Anger Foot ne propose rien qui puisse le démarquer de façon positive face à ses concurrents.

Concrètement, on débloque crescendo de nouvelles paires de chaussures (qui confèrent le même type de bonus que les masques d’un Hotline Miami), et… c’est tout. Les niveaux sont quasiment identiques d’une zone à l’autre, le level design est terriblement fainéant, l’IA est catastrophique (vos adversaires se bloquent contre les décors, ou courent sur place en vous attendant), et comme si ça ne suffisait pas : les sensations sont vraiment mauvaises ! Le fun est inexistant, et le feeling global étonnamment mou, au pied comme avec les armes à feu (fusil à pompe, pistolet mitrailleur…).
Pour résumer : tout est beaucoup trop flottant, on ne peut pour ainsi dire jamais jouer de façon chirurgicale (alors que ce genre de jeu l’exige, justement !), et pourtant… sachez que les niveaux parcourus restent malgré tout d’une simplicité déconcertante. La faute à un système de vie qui remonte toute seule, et à des ennemis qui n’arrivent pas à vous tuer en un coup. Bref, inutile de tergiverser outre mesure, et autant accepter cette fatalité : contrairement à ce qu’on pouvait penser, Anger Foot, c’est vraiment pas le pied !






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