
Dragon Ball: Sparking Zero, Metaphor: ReFantazio, Starship Troopers Extermination, Undisputed… ce ne sont clairement pas les sorties jeux vidéo qui manquent en ce début octobre. Mais les fans d’expériences horrifiques le savent très bien : c’est surtout le remake de Silent Hill 2 qui risque d’occuper toutes leurs soirées jusqu’à Halloween. Disponible à la fois sur PC et PlayStation 5, c’est cette dernière version que j’ai souhaité tester et terminer (une seule fois) afin de vous réaliser cette review. Allez, en voiture Simone !
Si vous êtes de ma génération, vous vous souvenez sans doute du tout premier Silent Hill. Ce jeu PS1 avait vu le jour peu avant l’an 2000, et représentait une époque bénie pour les Japonais de chez Konami (aux côtés des autres mastodontes qu’étaient Metal Gear Solid, PES, Castlevania et Suikoden…). S’en était donc suivi un second volet, en l’an de grâce 2001, sobrement baptisé Silent Hill 2 et faisant les beaux jours de la sacro-sainte PlayStation 2. Un opus qui marquera à tout jamais les férus du genre survival-horror, que ce soit grâce à son scénario, son ambiance, voire à son esthétique des plus dérangeantes. Pour autant, il est de bon ton de rappeler que plus aucun (réel) épisode n’a vu le jour depuis Silent Hill Downpour. C’était sur PS3 et Xbox 360, il y a… quasiment 13 ans. Depuis, on peut affirmer sans trop s’avancer que l’encéphalogramme de la licence est on ne peut plus plat.


Une franchise bel et bien au point mort, donc, et ce peu importe le support. Tout du moins… jusqu’à ce que les propriétaires de la marque décident en 2022 de prendre exemple sur Capcom (autre éditeur japonais, connu pour avoir pondu tout un tas de remakes d’anciens Resident Evil ces dernières années). Il est en revanche très étrange de constater que Konami n’a pas souhaité commencé par le premier volet (qui n’est toutefois pas lié à l’intrigue du second, rappelons-le). Dommage, mais passons. En lieu et place d’Harry Mason on incarne donc le dépressif James Sunderland (oui, comme le club de foot). Ce dernier est veuf depuis bientôt 3 ans, son épouse Mary ayant succombé à une maladie. Vous avouerez donc qu’il est somme toute normal de s’inquiéter… quand on reçoit une lettre de cette même défunte, nous demandant de la retrouver dans la charmante bourgade de Silent Hill pour y déguster un milk-shake à la fraise.
Rassemblant tout son courage (et son manteau le plus moche), James va donc débarquer comme un boulet de canon (mais sans le canon) en plein coeur de la cité maudite qu’on lui avait déjà fait visiter sur PS2 il y a 23 ans. Premier constat : en mode Qualité (4K / 30fps) le jeu est graphiquement décevant (mes screenshots maison parlent d’eux-mêmes). Étonnant pour un projet tournant sous Unreal Engine 5. Second constat : le mode Performance, capé lui à 60 images / seconde, est bien plus agréable manette en mains… mais le jeu devient alors encore plus moche et multiplie même les bugs techniques. Ombres qui sautent, micro-chutes de framerate… Le constat est bien loin d’être élogieux (et ce peu importe le mode choisi, attention !).


Et puisque, tout comme cette silencieuse colline vous avez des yeux, très vite vous remarquerez que le projet a été développé par Bloober Team (le studio polonais responsable des Layers of Fear, ainsi que du très moyen The Medium). Autrement dit, hormis le nom prestigieux de la franchise adaptée ici, ce remake n’est ni plus ni moins qu’un AA. Hélas, cela explique beaucoup de choses. Car dans ce Silent Hill 2 millésimé 2024, tout fait vraiment cheap. Du rendu visuel global aux doublages tout juste corrects (aucune VF à l’horizon d’ailleurs, ce sera anglais ou japonais uniquement), sans parler des animations vraiment datées, du design des ennemis qui a perdu tout son « charme » d’antan, ou encore des personnages-clé qui ont été beaucoup trop modifiés également (RIP la Maria de 2001).
Pire, la structure de l’ensemble a été totalement revue. Et si, sur le papier, les fans hardcore pourront éventuellement se réjouir de voir que la durée du cauchemar a quasiment été triplée (de 8 heures sur PlayStation 2, on passe tout de même à 20 heures sur PlayStation 5), en pratique le résultat est surtout laborieux. Les développeurs ont en effet décidé d’étirer en longueur des tas de segments (notamment des énigmes, y compris celle de l’horloge par exemple) qui ne le méritaient pourtant pas au demeurant. Un choix terriblement dommageable, dans la mesure où l’aventure de base est déjà suffisamment molle (et pas toujours captivante, loin s’en faut).


On appréciera malgré tout les puzzles parfois sympathiques (mention spéciale pour le vinyle cassé), les boss à ce point emblématiques qu’ils sont même présents dans le génial Astro Bot (oui, c’est de toi dont je parle, Pyramid Head), les références à d’autres opus de la saga distillées ça et là, ou encore les musiques d’ambiance, toujours aussi marquantes. Pour l’anecdote, le compositeur nippon Akira Yamaoka a d’ailleurs repris du service ici, et ce dans le but non seulement de réorchestrer ses morceaux d’antan, mais également d’en inclure de nouveaux à la partition générale.
Sur une note plus scolaire enfin, sachez également que ce SH2 Remake propose tout un tas d’options d’accessibilité, un filtre visuel 90’s (totalement raté), ainsi que les mêmes choix de difficulté que dans le jeu d’origine (à la fois pour les énigmes, mais aussi pour les combats). D’ailleurs, les affrontements, parlons-en ! Car il est en effet très étrange de constater avec quelle modernité Bloober Team a souhaité aborder certains aspects du jeu… tout en proposant néanmoins des bastons extrêmement vieillottes et saccadées (en plus d’être vraiment trop nombreuses). On se croirait parfois revenus à l’époque de Homecoming, c’est dire !


De façon plus globale, et je terminerai ce test là-dessus, j’ai pour ma part été tout autant refroidi par cette nouvelle caméra à l’épaule. Devenu quasiment obligatoire dans tous les jeux dits « modernes » (même Kratos n’a pu y échapper, vous imaginez ?), je déplore toutefois que cet outil saborde la mise en scène de jeux narratifs plus que de raison. Et s’il fait des merveilles dans Dead Space et sur le remake d’Alone in the Dark, ce nouvel angle de vue annihile en revanche tout l’aspect cinématographique dont Silent Hill 2 était pourvu en 2001. En définitive, cela décuple même la redondance du périple, fait d’innombrables allers-retours. Si vous ajoutez à cela la nouvelle durée de vie du titre (rallongée au possible), force est de constater que c’est surtout de l’ennui, que vous trouverez derrière le brouillard qui cache le décor.
Vous l’aurez donc compris : si tant est que Silent Hill soit votre ville préférée comme c’est le cas pour Benny (tout du moins celui qui n’est pas bi), vous trouverez peut-être la motivation nécessaire pour parcourir ce remake à petit budget. Les Polonais signent ici un hommage à leur jeu d’horreur favori, certes, mais il n’est pas du tout certain que leur vision plaise au joueur lambda. Car si les musiques, les références et l’ambiance générale font mouche, il faudra tout de même composer avec un aspect visuel / technique décevant, un gameplay vieillot, et une (nouvelle) structure aussi longue que lente qui en laissera plus d’un sur le carreau.






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